la raison - proverbes
Philosophie de la raison

17/08/08 - modifié le 21/11/10
Prouver que j'ai raison serait accorder que je puis avoir tort
Extrait d’une réplique du personnage de Suzanne s’adressant à Figaro dans la pièce « Le Mariage de Figaro »
Beaumarchais

Le fait d’admettre d’avoir à prouver que l’on a raison repose sur la conscience que l’on peut avoir tort. Cela parait être une évidence. Car si l’on pouvait admettre qu'il n'était pas nécessaire de « prouver », ou (plutôt) d’argumenter, pour démontrer la justesse d’un propos, cela signifierait implicitement que l’on n’émet que des vérités (c’est-à-dire que tout ce que l’on dit est vrai).
Or personne au monde n’est susceptible de ne jamais se tromper. Une seule « personne » est capable de cela. Mais ce n’est à mon sens qu’une entité imaginaire et symbolique: Dieu. Ce symbole me semble précisément représenter entre autres, la conscience absolue de tout.

Mais l’utilisation du conditionnel (« serait accorder ») traduit à l’inverse, que le personnage de Suzanne qui tient ce propos, estime précisément qu’il n’a pas à prouver, ou à argumenter. Ce qui sous entend qu’elle désire imposer, ou induire de cette manière l’idée qu’elle ne peut avoir tort.

Cela nous renvoi aujourd’hui à un problème de société actuel...
La difficulté de jugement et de compréhension généralisée amène l’inopérance relative de la démonstration et de l’argumentation.
Ce qui détermine que des idées ou des propos sont admis (c’est-à-dire qu’on les «croit»), est moins leur véracité et/ou une argumentation, ou encore une démonstration, que la personnalité reconnue de l’auteur, voire les sentiments qu’il inspire.
Logiquement à cela, est apparue la notion de « label ». C’est en effet la reconnaissance sociale ou officielle d’une personne, d’un groupe ou d’un organisme, qui constitue la garantie de véracité des idées et propos émis... Ainsi, tout « postulant » à une position d’autorité, ou toute personne voulant préserver sa crédibilité, doit pour cela ne jamais apparaitre comme ayant tort. Il doit donc coûte que coûte paraître avoir raison...
On ne se soucie pas tant d'avoir raison que l'on se soucie de faire croire qu'on a raison...

Bien sûr tout cela est valable dans l’univers de la Raison, de la recherche de la compréhension des choses et des autres. Mais dans le domaine des échanges amoureux, il en va tout autrement. Là, le but n’est pas la recherche de la vérité mais celle de la réussite de son union à l’autre; et la confiance réciproque et aveugle étant nécessaire, c’est bien entendu l’inverse qui prévaut...
Raisonner sur l'amour, c'est perdre la raison.