Philosophie de la raison
26 mars 2007

Anciennes « cultures » et monde nouveau



Toutes les civilisations humaines possédaient et continuent de posséder des organisations / structures ayant en gros (« vue de loin ») les mêmes caractéristiques/principes: Elles incluent toutes un « encadrement » des individus consistant en des schémas de vie établis, des rituels, des éthiques. Il semble que la structure organisationnelle unitaire a été la famille (même si sa forme exacte et surtout son étendue a pu varier) et que l’ensemble était maintenu par une religion. Nous désignons aujourd'hui cet ensemble de fonctionnement par le terme à mon sens inapproprié de « culture ».
Les différences entre les « cultures » s’expliquent par le fait qu'elles se sont probablement créées au fur et à mesure des nécessités perçues et se sont de ce fait chacune plus ou moins adapté aux êtres, aux caractéristiques dominantes dans chacune des grands groupes humains. Également, ces systèmes d'encadrement satisfaisaient probablement à une majorité dans chacun des groupes , mais excluaient des minorités dont le fonctionnement psycho affectif différait de celui de la majorité.

Ces « cultures » sont en train de terminer de disparaître aujourd’hui. Conséquence du concours d’un certain nombre d’éléments dont un des plus importants est apparemment l’« évolution » économique induite par le système économique même. Et le phénomène de mondialisation n’entraîne pas un mélange des cultures mais bien leur disparition. Un autre élément déterminant, lui-même issu d’autres éléments, ou encore faisant partie intégrante de cette grande mutation du monde humain, fut la contestation ouverte de ces systèmes de vie coercitifs et prônant la libération des êtres. Le moment fort (déterminant ?) fut évidemment les événements de 1968.
Ayant moi-même participé à ces mouvements de contestation qui continuent aujourd’hui sous la forme d’une volonté ouverte de « changer la vie », et notamment de remplacer la famille dite « traditionnelle », je me rends
compte aujourd’hui de l’énorme erreur de nos agissements. Car pour changer des civilisations qui se sont construites d’elles-mêmes et au cours de millénaires, il aurait fallu avoir une conscience/compréhension suffisante de ces civilisations et des raisons des « cultures ». Or nos capacités d’analyse objective, de compréhension des choses étaient et sont encore, de très loin insuffisantes. Nous nous sommes en fait déterminé sous l’impulsion précisément de nos impulsions. Et l’ensemble de notre production idéologique fut en fait une prolifération verbale et écrite la plupart du temps insensée et constituant plutôt qu’une pensée, une tentative confuse de justification de ce que nous voulions par ailleurs ; la disparition de l’« ancien monde ». Avoir voulu modifier dans ces conditions le fonctionnement organisationnel humain, est comparable à vouloir modifier un moteur de voiture en ne comprenant pas son fonctionnement, en ne connaissant rien à la mécanique automobile. Et nous n’avons fait que contribuer à la destruction de ce qui avait permis la vie et la cohésion des groupes humains.
Pourtant, si la disparition brutale de ces cultures est néfaste du fait encore à notre époque d’une nécessité d’«encadrement », je pense aussi que celles-ci possédaient une tare fondamentale: D’une manière générale elles n’ont pas permis l’évolution des consciences. Le principe étant l’obligation faite aux individus de se conformer aux normes sans avoir à en comprendre (expliquer) les raisons, n’a pu produire que des êtres dociles et disciplinés mais possédant une conscience réduite. D’ailleurs
l’ambiguïté du sens d’usage de ce mot (conscience) dont l’étymologie exprime clairement l’idée de connaissance (qui inclut la compréhension), révèle bien son ignorance et est révélateur de cela.

Les individus que nous étions, en s’affranchissant des contraintes des anciens systèmes, mais possédant une pensée/conscience infiniment trop restreinte et confuse, conséquence donc précisément et à mon sens de ces « cultures », ne pouvaient agir que de manière insensée et contribuer à ce gigantesque capharnaüm qui nous tient lieu de société.

Je pense que le retour à ces systèmes anciens est impossible du fait entre autres du mélange des populations. Mais si nous revenions par la force des choses à un (des) système(s) de type coercitif (« provisoirement » et de manière mesurée), il serait de toute première importance de ne pas oublier que l’on doit toujours chercher à expliquer/comprendre les raisons de toutes règles préceptes ou commandements, et que dans la mesure du possible leur discussion/critique (*) doit être admise. Cela devrait induire l’évolution et la modification de ces systèmes ; mais de manière sensée, raisonnable


GG

*) La critique est l’analyse et la réflexion utilisées pour tendre à corriger les parts erronées des idées, préceptes, principes, ou organisations, structures (…) dans le but de les améliorer constamment, et n’a rien de commun avec ces comportements d’opposition peu réfléchis, essentiellement viscéraux , que nous désignons à tort par ce même mot.

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