Philosophie de la raison
24 février 2009

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...Tout en reconnaissant le côté surprenant, elle évoquait la  bizarrerie  de notre inconscient. Elle me dit aussi qu’il s’agissait d’une  interprétation  étayée  sur de « longues années de pratique » des psychanalystes. Il s’avère que cela s’apparente à une thèse de Sigmund Freud selon laquelle la découverte de l‘absence de pénis chez la fille provoquerait un traumatisme chez le petit garçon qui ferait alors un transfert sur un objet qu‘il verrait au même moment (3).

Après avoir eu cette première réaction, je réfléchissais:
Si ce qu’on appelle le fétichisme sexuel concerne les hommes dans la théorie, les femmes ne sont à mon sens pas exemptes de transfert psycho affectifs sur des « choses ». J'ai le souvenir d'une jeune femme avec qui j'ai entretenu une relation particulièrement intense et qui aimait me voir porter des chemises à carreaux. Son père adoptif qui l'aimait et qu'elle aimait énormément en portait toujours. Mais je pencherais tout de même pour l'idée que c’était simplement associé au souvenir agréable d'un père aimé et aimant, et cela sans signification phallique inconsciente quelle qu’elle soit de la chemise à carreaux (4)!!


Quant au petit garçon... Ne connaissant rien de l’anatomie des filles et des femmes (dans la mesure où il n‘en a vu aucune nue), il leur attribuerait naturellement un pénis, corrélativement à sa propre image. Et cela jusqu’au moment où il se rendrait compte de la réalité. Mais si devenu adulte il associe les « choses » de la Femme au « pénis maternel » ce serait alors effectivement pathologique, et probablement dû au traumatisme décrit par Sigmund Freud (3). Mais ce serait aussi bien différent du fait de simplement attribuer un contenu érotique à ces « choses ». Et il y aurait ici une confusion entre deux phénomènes de même apparence: l’un pathologique, l’autre viable et sain. Et cette confusion nous amènerait à considérer un phénomène viable comme une pathologique (5)!


Incidemment j’avais imaginé un autre scénario: le petit garçon serait pris dans une relation exclusive et trop étroite avec sa mère. Privé de la relation père fils (et donc du modèle du père), il se construirait alors sur le modèle de la mère, lui attribuant naturellement et comme précédemment ce qu’il a lui-même, un pénis. Et en se construisant sur ce modèle il pourrait très bien adopter de la même manière les attirances de la mère pour le père manquant (ou insuffisamment présent, et du même coup trop fortement désiré). Ce qui pourrait constituer un processus de formation d’une homosexualité masculine et non de fétichisme « pathologique »…

GG

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3) Selon wikipédia, le savant voyait dans l’angoisse infantile de la castration puis dans la découverte de l’absence de pénis chez les filles, l’origine du fétichisme sexuel: « Selon sa théorie, un garçon, découvrant pour la première fois qu'une personne du sexe féminin (sa mère par exemple) ne possède pas de pénis, fait un transfert sur un objet inanimé qu'il verra au même moment[2]. Le fétiche constitue ainsi un substitut du phallus manquant de la femme. Cet objet lui sera alors nécessaire dans le futur pour avoir une satisfaction sexuelle. »
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4) Dans « Le système des objets » paru en 68 aux éditions Gallimard, Jean Baudrillard voyait la voiture comme un « objet phallique » et la vitesse comme la « fonction phallique objectivée ». Il est vrai qu’à cette époque ces éléments étaient des attributs culturels masculins. Mais réduire l’homme, ou l’identité masculine, au sexe masculin ou à sa fonction génitale, n’était-ce pas une dérive intellectualiste?
D’une manière générale, la dérive comme la confusion ne serait- elle pas due à un manque de recul allié à une trop grande complexité des choses ainsi qu’à une trop forte abstraction de langage (*)?
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5) Le  fétichisme sexuel  pathologique (décrit par Sigmund Freud et dû à un traumatisme infantile) ressemble à cette démarche consistant à simplement attribuer une valeur érotique à des « choses », fait d’une particulièrement grande sensibilité.
Mais le  fétichisme pathologique  ne pourrait-il pas être le même phénomène sain au départ mais devenu excessif. Car bien que les définitions « officielles » des concepts de « maladie » et de « pathologie » ne contiennent pas cette idée d’ « excès », dans les faits, un grand nombre de choses considérées comme normales provoquent des états pathologiques lorsque leur importance dépasse certaines limites. Ainsi et par exemple le « poids » - ou « charge pondérale »-. On peut être « fin » ou bien « rond » ou « enveloppé », cela fait naturellement partie de chacun et de chacune, tout comme la personnalité. Mais les excès de poids ou de « maigreur » constituent des états pathologiques préjudiciables pour la santé en bien des points de vues…
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*)J'aime les paysans, ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers. Montesquieu