Philosophie de la raison
19 décembre 2010

Immobilier et logement

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Appel à débat public illimité

Le numéro du journal Marianne du 20/11/2010 se consacrait à faire l’état (catastrophique) des lieux du marcher de l’immobilier et du logement. On pouvait lire en encadré « L’urgence sociale réclame un front républicain de tous les politiques et une mobilisation de l’ensemble des citoyens » (1). Mais tout de même... De ces dix pages consacrées à cela ne serait-on pas en droit d’attendre quelques idées, quelques réelles suggestions ? Ou tout au moins, après l’exposition des faits, une tentative de poser le problème, première démarche incontournable dans la résolution de tout problème quel qu’il soit...

A cet appel je réponds dans la mesure de mes moyens, et à ma manière aussi ; par l’apport de cette réflexion...

Concernant le problème du logement: dans le chapeau du 2ème article (2) on peut lire « Impossible d’acheter, difficile de louer : [...] ». « Difficile de louer » lorsque l’on est locataire (potentiel), tout le monde le sait. Et la raison que nous connaissons tous est les prix excessifs des loyers dus entre autre à l’inflation des prix de l’immobilier.... Mais il y a autre raison qui n’est pas reconnue par tout le monde : la pénurie de logements disponibles. Plus de 10% des logements seraient vacants dans la capitale, une tendance observable dans les grandes agglomérations françaises selon l’IAU (3). Et si la location était si rentable pour un propriétaire, quelle serait donc la raison de cette pénurie de l’offre à mon sens observable partout y compris hors des grandes agglomérations ?...
Et bien lorsque l’on est un petit propriétaire il est aussi « difficile de louer »; car la loi, et c’est bien normale, protège les locataires. Et lorsque l’on a mis son bien en location, il est d’abord difficile de le récupérer pour soi. En suite, et même confronté à des occupants indélicats pouvant dégrader voire mettre le bien en péril en ne renouvelant pas l’assurance par exemple, ou encore par l’ajout d’installations non conformes, quel est le recours d’un propriétaire? Ce sont les sommations suivies de la procédure d’expulsion, puis de l’expulsion elle-même. Mais c’est une démarche longue et coûteuse, pendant la quelle un locataire insolvable ne payant ni charges ni loyer s et/ou continuant de mettre le bien en péril, est maintenu dans les lieux... Et combien de petits propriétaires pour qui la perception de loyers constitue un revenu d’appoint, comme ça peut être le cas de certains retraités d’aujourd’hui, se retrouvent ainsi dans des situations inextricables et de difficulté financière ? Et c’est à mon sens cet aspect de la difficulté de la location (côté propriétaires) qui peut expliquer le nombre de logements vacants. Cela peut aussi et en partie expliquer les prix élevés ; car louer moins cher pourrait « ne pas valoir la peine ». Et c’est aussi cela qui en toute probabilité provoque une autre tendance actuelle; la location saisonnière de courte durée ; car en plus d’une particulièrement bonne rentabilité elle ne présente aucun des inconvénients cités. En pleine expansion notamment à Paris, elle s’adresse à une clientèle de touristes... Et contribue évidemment à rendre encore plus aigue la difficulté à se loger en tant que locataire...
Il semble donc que pour augmenter l’offre locative, voire peut-être encourager une diminution des loyers, il faudrait à l’inverse protéger les propriétaires !! Ce qui mettrait en contre partie tous les locataires quels qu’ils soient et obligatoirement en situation de précarité...
Et au final, ne serait-ce pas que la location par des petits propriétaires privés n’est tout simplement pas viable ?

Cela permet de penser qu’il faudrait moins de propriétaires privés. Plus exactement, il semble que la bonne direction serait de faciliter pour qui le veut l’accession à la propriété, mais de sa propre habitation (comme c’est le cas aujourd’hui), ainsi que de développer systématiquement et au maximum les parcs de logements en location, essentiellement des logements sociaux accessibles ainsi qu'aux classes moyennes, et avec loyers fonction des revenus (sur ce dernier point également comme c’est le cas aujourd’hui).

Outre le manque de parcs de logements, le problème semble résider dans cette frénésie d’achat et cette inflation des prix et des loyers qui en découle d’une part, ainsi que dans l’appauvrissement des classes moyennes et modestes. Mais cela n’est pas spécifique à l’immobilier, mais à la crise mondiale, elle-même spécifique au capitalisme dont une des caractéristiques est l’accumulation et l’immobilisation de l’argent nécessaire à la consommation, phénomène qui se retrouve accentué en période de crise du fait de l’inquiétude quand à la valeur de l’argent lui-même...

Outre l’appel du journal Marianne à une mobilisation de tous pour faire face d’urgence à un problème précis, je pense qu’il y a, à moyen terme, nécessité d’un débat généralisé sur le sur le capitalisme lui-même, lequel (débat) étant donné la complexité du problème encore à mon sens incompris de quasiment tous, et de l’ampleur de la tâche, devrait être non limité dans le temps. Car ce ne sont pas les bon sentiments humanitaires d’une gauche bobo qui court autant que la droite après une croissance aujourd’hui et à mon sens illusoire, ni l’austérité prônés par la droite pour rembourser la dette (alors que nous sommes assis sur le trésor quasi virtuel de notre moyen d’échange qui fait défaut au plus grand nombre pour accéder aux véritables richesses), qui feront sortir notre monde du chaos généralisé.


GG

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1) « Immobilier. La bombe qui menace tous les français » Joseph Macé-Scaron Retour
2) « La crise du logement ? Un scandale qui n’a rien d’un hasard ! » Perrine Cherchève Retour
3) Institut d’Aménagement et d’Urbanisme, article janvier 2006 http://www.iau-idf.fr/nos-etudes/detail-dune-etude/etude/les-logements-vacants-en-ile-de-france.html?biblio=1 Retour