Philosophie de la raison
08 septembre 2013

« Magie du Cosmos »...

Ou Magie des mots et des représentations ?

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D’après ce que l’on connait du passé, il semblerait que la science nous ait fait sortir de l’obscurantisme d’une époque, le « moyen âge », présentée comme dominée par les croyances et le mysticisme. Mais il semble que parfois et aujourd’hui la Science (ou sa vulgarisation?) veuille nous y faire retourner. Pendant de l’adage « chassez le naturel il revient au galop » (?), ou bien désir de réussite et de notoriété amenant à vouloir marquer les esprits par des images fortes et répondant à un profond désir humain de mystère et de rêve ?

> Qu’est-ce que le Temps ?
> Savant mélange d'affirmations vraies et de suppositions et/ou de questions absurdes
> Espace à 4 dimensions en 3D et tranches obliques
> Désembrouillage et démystification
> Reconnaissance de l’impossibilité et explication... Fausse!?
> Au final...
Le 13 octobre 2012 la Chaine Arte avait diffusé une série de documentaires scientifiques intitulée « La Magie du cosmos », présentée comme une initiation à l’astrophysique, et suivant les vues du physicien Brian Green.

En commençant à regarder le premier de ces documentaires nommé « l’illusion du temps » (>>), et dès la présentation, j’avais eu cette impression de mise en scène jouant sur l’attrait du mystère me faisant me demander dans l’instant s’il s’agissait véritablement d’un document scientifique... Après une courte présentation d'aspect énigmatique, une question était soudainement posée: « pourquoi ne voit-on jamais les évènements se dérouler à l’envers ? », suivie du commentaire ; « pour lui [le physicien Brian Green], selon les lois de la physique c’est pourtant tout à fait possible»...
La question m’était aussitôt apparu comme parfaitement incongrue; car à priori, le temps n’est pas un film que l’on peut repasser à l’envers. Pour parler d’une chose n’est-il pas nécessaire de péalablement l'appréhender, la définir (>>)?...


Qu’est-ce que le Temps ?
Cela ne peut être à mon sens que le simple fait que l’état de toute chose comme de l’ensemble (l’Univers) est continuellement changeant. Autrement dit, il est à chaque moment présent différent de ce qu’il était « AVANT » comme de ce qu’il sera «APRES». Et c’est le fait de ces notions d’ « état AVANT » et d’« état APRES » qui CONSTITUENT le TEMPS !

...D’où cette question de bon sens: peut-on imaginer que des choses puissent revenir à un état précédent ? Cela impliquerait que TOUS les constituants élémentaires de ces choses qui sont soumis à des forces, soient soudainement et simultanément soumis à des forces d’égale intensité mais de sens opposé, et que tous les mouvements uniformes soint inversés (>>)! Quelle pourrait être la cause de cela ?!! Et cela n'est-il pas oublier les concepts d'inertie et de gravitation ?


Savant mélange d'affirmations vraies et de suppositions et/ou de questions absurdes
La suite du documentaire semblait exprimer l’idée que les choses ne sont pas ce qu’elles paraissent (ce que l’on devrait savoir depuis fort longtemps). Mais la suite immédiate était la supposition la plus injustifiée qui soit... «[...] le temps n’est pas ce qu’il parait [puis...] il n’y a peut-être pas de distinction entre passé présent et future».
C’était ensuite une série, un savant mélange de « vraies » et de « fausses » questions, de faits (exacts) et de la même supposition injustifiée répétée et déclinée, ou d’images et de comparaisons parfois justes mais trop souvent erronées et ne traduisant précisément que nos perceptions et impressions...
« Les découvertes du siècle dernier ont montré que la plupart de nos idées sur le temps ne sont sans doute rien de plus qu’une illusion ». Cela par exemple aurait pu être vrai s’il avait plutôt été dit que nos idées sur le temps étaient (peut-être) fausses. Mais le terme « illusion » à mon sens inapproprié, était le début de la dérive... « Notre passé n’a peut-être pas disparu et notre future existe peut-être déjà ». Et Il s’en suivait un système d’imagerie pour le moins déconcertant...
Ensuite et de nouveau, l’énoncé d’un fait avéré et bien compréhensible fut aussitôt et comme naturellement suivis de la même supposition infondée, mais prenant soudain une forme affirmative. Sans lien entre les deux propositions, mais reliées par « et », le fait avéré et la supposition infondée devenue affirmation sont présentés comme cohérents: « Il s’avère que le temps lui-même peut accélérer, ou ralentir, ET que des évènements qui nous semblent voués à se produire toujours dans le même sens peuvent aussi se dérouler à l’envers »
Peu après, le présentateur nous dit « Et si le temps n’est pas ce que nous croyons, alors qu’est-ce que c’est ? [...] d’où vient-il ? ». Et ici un esprit simplement doté de Raison ne peut que se demander pourquoi devrait-on supposer que le temps vienne « de quelque part » ! Le temps n’est pas une « chose », un fluide; le temps EST LE SIMPLE FAIT que les choses, le monde, l’Univers n’est pas figé. Et de ce fait découle naturellement la notion d'« instant ». Puis vient ensuité la nécessité humaine d'établir des systèmes de repère et de comparaisons, d'où le concept de « durée »...

Après avoir introduit la relativité du temps découvert par Einstein, il était fait référence à l’idée de la relation entre l’espace et le temps présentée de manière à mon sens incompréhensible.
Un des scientifiques interviewés faisant état des connaissances avérées sur la variation du temps en fonction de la vitesse était William Phillips (NIST). Les commentaires à ce sujet quoi que (toujours à mon sens) non explicatifs étaient au moins exacts de manière certaine...


Espace à 4 dimensions en 3D et tranches obliques
Puis il y avait eu l’introduction du concept d’ « espace-temps », toujours non expliqué, et présenté aussitôt comme inséparable de l’idée de persistance des passé présent et future.
Le temps était considéré et représenté comme une succession de moments (présents). Cela aboutit à cette représentation d'aspect très infantile en forme de miche de pain (>>). Chaque tranche (nommée « tranche de maintenant ») représentait l’ensemble de l’univers dans le même moment et réduit à un plan, le passé d’un côté et le future de l’autre. Comme si la tranche du présent avançait le long de l’axe du temps en y étant perpendiculaire. Il était dit ensuite que la prise en compte de la variation du temps en fonction du mouvement (en Relativité restreinte) rendait cette représentation inexacte...
L’explication donnée de manière imagée revenait à dire ceci...
>Tout d’abord et en Relativité Restreinte, pour un système en mouvement le temps s’écoule d’autant plus lentement que la vitesse (absolue) de déplacement est grande.
>Ainsi; si dans une même tranche il y a un élément supposé fixe et un autre en mouvement situé à l’autre bout de l’univers (ou de la tranche), le temps passe plus lentement pour l’élément en mouvement que pour l’élément fixe. L’état (A) de l’élément fixe change donc plus rapidement que celui (B) de l’élément en mouvement. Dans le cours du temps, A avancerait donc plus rapidement que B et provoquerait donc un changement dans le plan de la tranche (!?)...
Géométriquement et dans cette représentation, B se trouve alors dans le même plan perpendiculaire qu’un état antérieur à A. De là le commentaire glissait vers l’idée que B « correspondrait » (!) au passé de A et que par conséquent le passé de A serait « réel » !! Puis peu après (et au fur et à mesure des répétions des mêmes discours), que le présent B « serait » le passé de A... Magie de la représentation et du langage ...



Désembrouillage et démystification
Dans la réalité, la relativité du temps (qui est un fait avéré) signifie simplement qu’un élément quelconque effectuant un voyage à très grande vitesse, change moins vite qu’un autre se déplaçant à vitesse plus faible (>>). Et rien ne permet de supposer que concernant des éléments dont le temps ne s'« écoule » pas de la même manière, et à un moment donné, le présent de l'un soit le passé de l'autre!!
Arriver à prétendre que le présent de l’élément qui change moins vite puisse « être » le passé de l’élément qui change plus vite n’est bien qu’un jeu d’illusionnisme par manipulation du langage et de la représentation. Chaque élément, et quelque soit la « vitesse » de l’écoulement de son temps propre, à priori et sauf preuve du contraire, partage bien et à tout moment le même présent ; comme les atomes des deux horloges atomiques de l’expérience (>>) qui lorsqu’on les réunit de nouveau, indiquent (SIMULTANEMENT!) une heure différente. Lorsque l’on constate leur décalage, l’une n’est pas dans le passé de l’autre et l’autre dans le future de la première (!!)... Elles partagent bien le même présent qui est l’instant pendant lequel on les compare ! L’une n’a fait que « tourner », « évoluer » plus vite que l’autre ! Qu’est-ce qui permet de penser que pendant ce moment où l’une « évoluait » plus vite que l’autre, elles pouvaient ne pas partager à chaque instant le même présent !!?

De plus, le fait que l'état de quelque chose change implique qu'à tout moment l'état antérieur de cette chose n'est plus! Le temps étant le fait du changement continuel de l'état des choses, cela confirme que l'idée que la persistance du passé n'est bien que le résultat d'un illusionisme langagier...


Reconnaissance de l’impossibilité et explication... Fausse!?
Comme on ne peut que constater l’impossibilité de « remonter le temps » il fallut peut-être trouver un « mais », une explication à cette impossibilité, pour comme je l'imagine, protéger cette construction verbale magique, mystifiante, et donc si séduisante.
L’ « entropie » est le degré de complexité (ou de « désordre ») propre à tout système et qui augmente avec le temps. En s’appuyant sur le postulat qu’elle ne peut diminuer, elle était donc présentée comme la cause de cette impossibilité.
Or…
1) « Remonter le temps » étant revenir à des états antérieurs à celui présent, ne serait-il pas logique de penser que si cela était possible nous régresserions alors vers ces états passés avec chacun leur entropie propre et donc obligatoirement inférieure ?
2) Et si l’entropie ne peut diminuer ne serait-ce pas précisément parce qu’elle augmente avec le temps ?... Et que le temps ne se « remonte » pas ! Autrement dit, la cause de l’impossibilité (de remonter le temps) serait elle-même due à cette impossibilité.
Il y aurait donc d’une part une absence de raisonnement pertinent et élémentaire, d’autre part et à priori un raisonnement en boucle, c'est à dire une absurdité...
Au final ce serait donc une explication illusoire permettant d’« expliquer » pourquoi on ne peut remonter le temps...



Au final...
Tout l’intérêt de la vulgarisation scientifique qui devrait être l’information et la généralisation d’un esprit scientifique, d’une rationalité reposant sur l’observation le raisonnement et la pertinence, concourt ici à l’inverse : à la propension aux faux raisonnements aux fausses argumentations et aux mauvais questionnements... Enfin cela constitue un exemple parfait montrant comment on peut, par des artifices (ou des erreurs!) de langages ou de représentations, amener (ou être amené) à des idées irréelles et donc fausses !
Et cela signifie aussi que plus le langage ou la représentation est complexe et abstrait, plus le risque est grand d’évoluer vers des représentations inadéquates et aboutir à des théories erronées!


GG


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