Philosophie de la raison
10 septembre 2016

Les « faits », les observations et les perceptions (et les informations), et la Réalité

Nous apprenons trop, nous ne pensons pas assez (Nietzche)
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Nous entendons parler des « faits » à longueur de discours et de discussions. Nous objectons ces prétendus « faits » comme un étayage des plus solides de nos idées et théories plus ou moins justes. Mais ce faisant nous confondons les faits (réels) avec l'observation ou la perception de ces faits et l'idée que nous en avons.

Cette confusion est peut-être parfois voulue dans le but d’embrouiller son auditoire pour arriver à des fins (>>). Mais peut-être est-ce simplement que l'on tend a confondre notre représentation mentale de la réalité avec la réalité elle-même, laquelle par définition et d'une manière générale, est indépendante de celle-ci, c'est-à-dire de la conscience que l'on a d'elle.
Cette problématique est intimement liée avec celle de la cognition qui fut posée de manière excessivement embryonnaire il y a à peu près de 2500 ans sous la forme d’une allégorie bien connu ; celle de la Caverne de Platon. Pour résumer la problématique représentée, sans grand mot ni grand discours, et pour être le plus clair possible, je dirai que l’homme tend à comprendre le monde comme il le perçoit et non tel qu’il est réellement.

Par exemple… N’a-t-on jamais pensé que la terre était un disque plat et que le soleil tournait autour ? L’idée la plus répandue actuellement est qu’il s’agissait d’une croyance moyenâgeuse induite par une philosophie mystique et anthropocentrique. Mais comme explication unique cela m'apparait totalement insatisfaisant…
Imaginons-nous passer plus d’une journée entière en bord de mer et par beau temps. Nous verrons alors une ligne d’horizon parfaitement rectiligne, et le soleil décrire un arc de cercle au dessus de nous pour réapparaître le lendemain au même endroit où il était apparu la veille. La représentation inexacte des choses que l’on faisait à cette époque apparaît donc beaucoup plus probablement comme le résultat d’un manque d’interprétation pertinente des perceptions plutôt qu’une idée reçue... Car pour approcher une vérité (c’est-à-dire une représentation mentale la plus conforme possible au réel), les perceptions seules sont insuffisantes. Elles doivent être interprétées à l’aide du raisonnement, lequel avec la mémoire est une, voire « la » fonction cognitive essentielle.

Et ce que j'ai imaginé ici correspond pourtant au meilleur des cas. Celui où l’être serait sincère, exempt de toute intention fallacieuse de tromper, d’induire en erreur pour arriver à des fins. Et où il n’est pas non plus soumis à des désirs inconscients du même ordre, ni à des pressions émotionnelles internes et inconscientes ou externes.

Parmi les problématiques afférentes à la cognition il y a celle de l’identification de ce que l’on perçoit. Cette manière dont on interprète spontanément certaines de nos perceptions, découle de notre culture notre connaissance et de notre expérience. C’est d’ailleurs la première chose qui apparaît dans l’Allégorie de la Caverne.
Cela est aujourd’hui je crois parfaitement reconnu. Mais c’est moins le cas du problème que cela soulève…
Si cette interprétation spontanée d’une perception donnée est dépendante de la culture et du vécu de chacun, voire même de son caractère, alors aucun individu placé face à une même chose ne pourra en avoir la même perception ni la même compréhention. C’est ce que l’on appelle d’ailleurs la subjectivité. Et cela mène logiquement à penser que le concept de conscience (correcte!) des choses est irréel, ou impossible pour l’humain.

La réponse, ou plutôt la solution à ce problème m’apparaît simple dans le principe. C’est le développement de la Raison qui doit rester en dehors de toute culture ou de toute personnalité, de tous caractères individuels. C’est le développement de la capacité d’observation de raisonnement pertinent et objectif (« autant que faire se peut »).
Tout cela reste à définir et/ou à cerner précisément. Mais on peut d’ores et déjà et d’une manière très générale, dire que le contact avec une réalité matérielle tel que dans le monde rural d’antan ou le milieu des professions manuelles est propice au développement d’un bon sens, qui est la base sur laquelle peut se développer la Raison.
Il serait aussi plus que souhaitable, que l’enseignement cesse de se donner comme objectif de dispenser une quantité invraisemblable de connaissances abstraites, ce qui revient à pratiquer un «bourrage de crânes » au détriment de l’apprentissage de la pensée (1), lequel ne pourrait à mon sens se faire que par l’exercice répété et systématique de l’observation suivie par la description l’analyse le questionnement et la réflexion (individuelle et à plusieurs), et pouvant avoir comme objets en tout premier lieu des choses ou situations matérielles et concrètes. A ma connaissance cela ne correspond d’ailleurs à aucune matière existante. …

A l’appui de tout cela n’oublions pas que malgré cette représentation erronée de notre système solaire à l’époque moyenâgeuse et qui apparaissait plus que probablement comme évidente, un certain nombre parmi les anciens avaient tout de même et depuis l’antiquité, pu accéder à une représentation plus exacte par simple observation, raisonnement et bon sens (plus...). Et notons que le monde de l’époque était essentiellement rural…
Et le monde évolué d’aujourd’hui, essentiellement urbain, possédant une connaissance étendue et une technologie évoluée, besogne pour percer les « mystères » (ou ce que l’on considère comme des mystères) des constructions anciennes comme les cathédrales ou les pyramides.
Cela montre bien que hélas, le bon sens n’est plus aujourd’hui la chose la mieux partagée… Et si nous voulons espérer un jour résoudre tous les grands problèmes humains et de société, il faudra que ce monde citadin à dominante intellectuelle qui se perd a longueur de temps dans les discours longs sinueux et abstraits, fasse l’énorme effort de remettre son mode de pensée à l’endroit ; et sans oublier le langage, clarifier ou revoir nombre de concepts tels que par exemple la « capacité d’abstraction »…


GG

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1) Même si l'accumulation incessante des connaissances (qui ne doit pas exclure le doute permanent), est en même temps nécessaire (mais non suffisante!) pour une connaissance de plus en plus juste des choses, celle-ci doit être aujourd'hui une affaire de disques durs et de logiciels.
Respectons bien pour l'instant cet ordre des choses : suite...
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