Il y a quelques mois, le titre « la pensée unique » s’étalait en couverture du magazine « Marianne », et juste au-dessus d’une photo d’un troupeau de moutons. L’ensemble titre-photo signifiait
évidemment que la « pensée unique » est quelque choses de « mal ». Et, ironiquement, cette idée est tout à fait conforme à un certain mode de pensée en vogue aujourd'hui. Il s’agit
précisément d’un « cliché ».
Un esprit lucide critique et pertinent ne peut que nous amener à ceci: récuser le bien-fondé de l'unicité du mode de pensée, c'est admettre comme normal et souhaitable qu’il puisse exister des manières de penser diverses, suivant par exemple les individus et/ou les groupes. C'est donc aussi admettre que des idées différentes peuvent avoir le même degré de véracité, ou bien, que la notion même de véracité est sans importance. Bien-sûr, il s'agit d'un reproche du manque de débat au sujet de certaines idées martelées par les média et admises de ce fait par tous. Mais il s'agit aussi et peut-être d'une attaque sournoise de ceux qui ne réussissent pas à imposer les idées de leur groupe. Mais surtout, la formulation participe à une idée, une philosophie totalement érronée reposant sur une ignorance du concept même de « pensée »... Car… … La pensée est cette activité cérébrale qui nous permet de saisir ou de comprendre le réel en allant au-delà de nos perceptions, permettant ainsi une conscience de ce réel plus large et plus exacte (La Caverne de Platon). Notre manière de penser est donc en quelque sorte notre manière de « voir », c’est-à-dire de comprendre les choses et les faits. Elle est ce qui permet notre interprétation de ce que nous percevons. Elle est aussi cette interprétation même. Egalement, les perceptions sont souvent influencées par notre vie émotionnelle intérieure, ou encore par une « conscience pré-établie ». C'est la subjectivité. Le moyen de corriger ces erreurs de perception sont la pensée, la réflexion. La raison d'être de la pensée est donc d’accéder à une perception et à une conscience (du réel), la plus fidèle à ce réel, à l’interprétation des observations la plus conforme au réel. Mais si nous admettons que des interprétations, des vues différentes d'une seule et même chose peuvent avoir le même degré de véracité, alors ce serait le négation de la raison d'être de la pensée. Ce serait comme si, face à un cube rouge (la forme comme la couleur -c’est-à-dire le rayonnement émis- étant des éléments réels -ou « physiques »- ), on considérait comme tout à fait normal que l’on puisse voir un cube rouge, une cuvette bleue une sphère verte un napperon rose ou une souris blanche. Ce serait la négation du concept de « vérité » qui est la conformité de l’idée ou de l’affirmation à son objet. Et cela impliquerait obligatoirement le désintéressement de la recherche, de l’effort de compréhension des choses et des êtres de la réalité TELS qu’ILS SONT. Ce serait l’acceptation béate de l’arbitraire et de la subjectivité.
POURTANT, LA LIBERTE DE PENSEE EST UNE NECESSITE. CAR L'INVERSE PRESENTERAIT UN ENORME DANGER…
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