Vitesse réactivité et automatismes vs réflexion et pensée élaborée
Dans le chapeau d’un article interview intitulé « Génération Z : le cerveau des natifs du numérique »
paru dans Science et Avenir, on pouvait lire ceci : « La génération Z (12-24 ans), qui a grandi avec les jeux vidéo et les téléphones portables, a gagné des aptitudes
cérébrales en termes de vitesse et d’automatismes, au détriment parfois du raisonnement […] » (>>)…
Interview du Pr Olivier Houdé (CNRS La Sorbonne La PsyDé) publié le 12/02/2015
http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20150212.OBS2324/generation-z-le-cerveau-des-enfants-du-numerique.html
Le monde actuel encourage et valorise les comportements de réactivité et de rapidité de la même manière que d’autres comportements en relation (§ « Comportements nouveaux et
habitudes connexes »). Et cet engouement pour la vitesse et la réactivité s’oppose à la réflexion qui nécessite à l’inverse de la mesure de la prudence et du temps
(pourquoi >>);
Lorsque sur un même sujet ou dans une même situation quelqu'un réfléchit « plus rapidement », c'est bien souvent en fait que la réflexion est plus succincte, ou
superficielle. Dans une situation où il faut prendre une décision ou donner une réponse rapidement, réfléchir peu (ou moins) devrait donc être mieux adapté… Mais c’est
au détriment de la validité de cette réponse, d’un risque d’erreur plus important
et les personnes qui réfléchissent sont obligatoirement lentes (Einstein élève moyen et lent >>)
A la lecture d'un certain nombre de biographies (2) il ressort qu'Albert Einstein était un enfant rêveur et solitaire. Il n'aimait pas jouer avec les autres enfants (3).
Au collège il fut perçu par ses professeurs comme un élève moyen; il était lent, n'émettait aucun jugement rapide et prenait le temps de réfléchir. Également il acquit un
certain nombre de connaissances en travaillant seul. Il était curieux, avide de comprendre et obstiné dans la recherche des réponses aux questions posées. Une anecdote
significative ; vers l'âge de quatre ou cinq ans il fut profondément marqué par la vue d'une boussole que lui montra son père : Le mouvement déterminé de l'aiguille sans
cause apparente lui " laissa une impression profond et durable ", le sentiment qu' "il devait donc y avoir derrière les choses quelque chose de profondément caché "
(Michel Paty, " Einstein ")(Albert Einstein)
Mais une réponse mieux réfléchie ayant plus de chances d’être plus adéquate, cela pourra permettre d’économiser le temps que ferait perdre par la suite une réponse moins adéquate.
Donc au final, même si réfléchir systématiquement peut paraître une perte de temps, le bilan global ou final sera tout de même et à l'inverse une économie de temps.
Il est à noter tout de même que bien des personnes qui « fonctionnent à l’instinct » ou « à l’intuition », semblent souvent réagir ou répondre de manière rapide ET adéquate (pourquoi >>).
L’intuition est à mon sens une démarche parallèle à la raison au et plan inconscient. Mais ce côté non conscient exclu une véritable compréhension « verbalisable » des
choses et situations. Car c’est en fait une démarche empirique, et donc forcément plus succincte que l’analyse rationnelle.
Mais en tant que démarche ancestrale, elle peut sembler ou être, plus efficace dans certaines circonstances où la rapidité s’impose, et là où une raison excessivement jeune
semble trop besogner en réflexion. Elle apporte également parfois des réponses plus justes là ou la raison peut se noyer dans trop de considérations. Mais en tant que
démarche empirique elle ne répond qu’aux choses et situations déjà rencontrées.
Au final, s’il ne faut pas négliger les intuitions, il faut œuvrer pour la généralisation et l’évolution de la Raison, qui seule peut débouche sur une véritable et large
conscience des choses et des situations, et donc sur leur maitrise.
L'Intuition - La Raison et l'Intuition - L'Intuition vs la Raison ?
Résultat du « numérique » ou de l’emballement d’une société hyper-marchande ?
Mais n'est-il pas plus logique de voir cela plutôt comme une des conséquences d’un système de société modelé selon les nécessités d’un système économique où la survie de
toute structure est dépendante d’objectifs de rentabilité à court terme et qui impose une compétition constante. Et les atouts majeurs au plan des structures autant que des
personnes sont de ce fait la rapidité et la réactivité. Cela induit ou renforce entre autres choses, l’aptitude à mémoriser sans (forcément) comprendre (plus précisément >>).
Globalement, la logique de ce fonctionnement économique impose l’obligation de produire et de vendre toujours plus (quitte à créer artificiellement des besoins).
Le pouvoir d’achat moyen ne permettant pas l’écoulement de la production amène l’obligation d’emprunter continuellement. Et en retour cet endettement
impose de gagner encore plus (donc produire et vendre encore plus) pour rembourser… Et c’est ce « toujours plus » forcément exponentiel qui amène une course permanente de
tout et de tout le monde au détriment de la réflexion
(Plus précisément… Capitalisme et accumulation de l'argent)
Bien entendu, les réalisations en matière de technologies numériques issues de ce système ne peuvent aller que dans ce sens ; mais ni plus ni moins que n’importe quelle autre
production de ce même système, lequel, et par la force des choses induit une culture (comportements mentaux manières de penser...)
Et ce monde d'aujourd'hui cherche forcément à former des individus tel qu'il a besoin en même temps qu'à répondre aux attentes des consommateurs ainsi formés.
Par la force des nécessités économiques, l'individu idéal serait un hyper productif et un hyper consommateur. Et l’esprit humain qui a normalement une
vocation cognitive d’observation et de raisonnement tendra à se réduire à un rôle de stockage de données et connaissances incomprises, et avec des séries d’automatismes…
Et cela sans que ce soit la conséquence directe du « numérique » !
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Comportements nouveaux et habitudes connexes
Ce système de société encourage et/ou favorise et/ou engendre un certain nombre de choses connexes au couple vitesse/réactivité en lieu et en place, ou au détriment elles
aussi de la réflexion et de la pensée élaborée…
> Le « zapping, la superficialité et le jugement rapide reposant sur des impressions ou des idées admises (c’est à dire « reçues »), s’opposent à la recherche de la
compréhension de la réalité des choses et des situations.
De plus, le désintéressement de cette compréhension ne peut que provoquer incidemment l’amenuisement de la capacité d’analyse
et de raisonnement (pourquoi >>).
Des facultés mentales non utilisées ne sont pas ou plus stimulées. Ne pas servir de ces fonctions ne peut donc que provoquer leur engourdissement. Cela me semble
être un fait biologique.
Et la dérive de sens de la locution « avoir raison » est caractéristique de ce désintéressement… Prise à son
sens réel qui est d’énoncer des vérités (dire « quelque chose de vrai), elle semble paraître incongrue à bon nombre de personnes ; et « avoir raison » signifie bien trop
souvent aujourd’hui « paraitre avoir toujours raison » y compris lorsque l’on a tort (c’est à dire lorsqu’on n’a pas raison!).
> Le comportement spontané et intuitif tend à remplacer la réflexion préalable à toute affirmation jugement et ou agissement. Dans ce cas ce sont des mécanismes
inconscients qui nous dirigent au lieu de notre conscience. (L’intuition vs la raison?)
> La mémorisation, sans chercher à les comprendre, d'éléments apparemment disparates, tend à prendre le pas sur la recherche de compréhension et d’analyse
> La capacité multitâche qui consiste à fragmenter l’attention et l’énergie investie dans la réflexion est valorisée au détriment de la faculté de concentration
> La curiosité bien placée et la pertinence des questionnements cèdent le pas à la futilité là ou la raison seule devrait dominer…
Réflexion individuelle et réflexion collective – La « pertinence »
On pourra penser que ce manque de réflexion individuelle est compensée par une réflexion collective, c'est-à-dire des échanges de propos, des discussions.
Mais des échanges entre des personnes peu enclines à la réflexion et à la pertinence, ne sont-elles pas d’autant moins pertinentes ? Et l’intelligence
collective résultant de l'addition d'intelligences individuelles non ou insuffisamment pertinentes ne peut l’être à mon sens que d’autant moins; si tant est
que l'on puisse nommer intelligence une intelligence non pertinente
(pourquoi la « pertinence » >>)...
L'intelligence est une des facultés cognitives permettant la compréhension. Les fonctions constitutives sont à mon sens l'observation et le raisonnement pertinents; et
aussi la mémoire.
Mais même si ces facultés d'observation et de raisonnement existent, et il semble qu'elles sont aujourd'hui supérieures, il faut également qu'elles soient « pertinentes »,
c'est-à-dire en adéquation avec la réalité concernée (l’ « objet »), voire la réalité en général.
L’inverse serait comme si possédant une bonne capacité de calcul nous avions tendance à attribuer au signe d'adition le sens de la multiplication, que nous utilisions
l'addition lorsqu'il faudrait multiplier, ou encore que nous ne choisissions pas les bonnes données chiffrées comme point de départ.
La pertinence correspond au concept de « bon sens ».
J’en veux pour preuve l'incapacité des groupes humains actuels à résoudre les grands problèmes de société et ce malgré le nombre de groupes de discussions de réunions et
de débats aux quels nous pouvons assister comme par exemple dans le cadre de l’audio-visuel publics…