La profusion de paroles et la tendance à la préférence du parlé à l'écrit sont caractéristiques
d'une évolution des comportements d'esprits qui privilégient de plus en plus le spontané et le
« ressenti », et d'un monde de nouveau empirique approximatif et subjectif, ne reposant pas sur
la réflexion qui est inséparable de la recherche d'une expression rigoureuse mesurée et
nuancée. L'écrit s'élabore seul et dans le calme alors que la parole implique la présence des «
autres ». En parlant on est soumis à un certain nombre de pressions émotionnelles ainsi qu'à
celle du temps. L'écrit est plus adapté à la réflexion, que l'échange verbal plus propice au plaisir
participant au contact humain. Car la pensée, la réflexion, exigent beaucoup de temps, et
travailler sur un texte écrit permet de revenir à tout moment sur n'importe quelle partie, de
comparer, réfléchir, établir des liens, ce que permet plus difficilement le discours ou la
conversation. S'il est possible qu’Internet puisse permettre de passer petit à petit de la
prédominance de la parole à celle de l'écrit, pour l'instant, au lieu de prendre plus de temps
pour réfléchir avant de « parler », il semble que l'on apprenne à écrire comme on parle c'est-àdire
de manière spontanée rapide et peu réfléchie. Car l'écrit n'est que plus adapté à la
réflexion; sa spécificité est une condition nécessaire à la réflexion mais non suffisante. Pour
réfléchir, penser, il faut avoir appris. La société occidentale étant en tain de sombrer dans le
chaos, un des points clé qui permettrait d'agir contre cela est de contribuer, participer à la
restructuration des esprits ; il faut réapprendre une méthode de réflexion et de pensée. Cela est
indissociable du réapprentissage d'un langage avec comme souci principal la recherche de la
rigueur et de la précision indissociable de la nuance, basé sur l'observation et la description…
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