Dans le sens ancien, l'utopie ne signifie pas l'irréalisme, mais un modèle idéal et imaginaire.
On peut considérer que c'est l'équivalent d'une limite mathématique (ou encore d'une
tangente) : c'est quelque chose vers lequel on tend, mais que l'on n’atteint pas. C'est donc un projet idéalisé dont l'existence sert à déterminer une direction à suivre. Mais on peut supposer que les utopistes ont eu tendance à vouloir « appliquer » ou concrétiser ces modèles idéaux imaginaires. De là, l'utopie a pu devenir synonyme d'irréalisme. Ainsi l'évolution du sens tient probablement au fait que les individus ont du mal à maintenir une distance entre l’imaginaire (différent de l’ « imaginaire de rêve») et le réel. Dieu est l'exemple de ce que peut être une utopie, dans le sens premier du mot : c'est la forme imaginée parfaite, idéalisée, de l'homme. Dieu est conscience absolue, connaissance et sagesse suprême, pouvoir infini. C'est donc bien notre forme imaginaire idéale, notre « limite mathématique », puisque l'on tend, et que l'on doit s'efforcer de tendre vers, toujours plus de conscience, connaissance, sagesse et pouvoir... PR / Réflexions sur l'avenir / L'utopie |