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Philosophie de la raison
10/05/06 -- modifié 13/04/08

Objectivité subjectivité

Réflexions connexes
« Comprendre » subjectivement (?!)
- Ouverture d'esprit

À la suite d'un débat sur un forum de philosophie il m'est apparu que des sens totalement différents étaient attribués à ces mots. Pour certains le concept de subjectivité étant la «  qualité […] de ce qui appartient seulement au sujet pensant » (TLFI) la pensée et la réflexion seraient donc par définition « subjectives » (??).
Cela m'a semblé totalement faux; et je vérifiais le sens dans le TLFI (dictionnaire en ligne http://atilf.atilf.fr/tlf.htm) :
SUBJECTIVITÉ, […]
A. 1. PHILOSOPHIE
a) [P. oppos. à objectivité] Qualité (inconsciente ou intérieure) de ce qui appartient seulement au sujet pensant.
[…] B. Usuel
1. Qualité de ce qui ne donne pas une représentation fidèle de la chose observée.
[…]
OBJECTIVITÉ, […]
A. PHILOS. Qualité de ce qui existe en soi, indépendamment du sujet pensant.
[1] […]
B. Courant
1. Qualité de ce qui donne une représentation fidèle de la chose observée.
[…]

Chacun de ces mots possède donc deux sens différents. Mais en y réfléchissant bien, et en considérant ces sens ensemble; si la subjectivité est la qualité […] de ce qui appartient seulement au sujet pensant (sens «philosophique ») ET ce qui ne donne pas une représentation fidèle de la chose observée (sens d'usage), cela traduirait cette idée sous-jacente -- ou intuitive -- que si une pensée (représentation mentale) est spécifique au (ou dépendante du) sujet pensant, alors cette représentation n'est pas conforme à l'objet de cette pensée (ou à la chose représentée).
Par ailleurs le sens d'usage ( qualité de ce qui ne donne pas une représentation fidèle de la chose observée) qui se confond avec les concepts « erroné » et/ou « faux » n’exprime pas la nuance (à mon sens ressentie) avec ces mots…
Il serait donc et à mon sens beaucoup plus juste de définir la subjectivité (au sens d'usage) comme étant la qualité de non-conformité d’une idée (pensée, représentation mentale) à son objet (réel) DU FAIT de l’influence de quelque chose de propre, inconscient ou intérieur , à l'être lui-même.
De manière totalement symétrique l'objectivité qualifierait une idée (pensée, représentation mentale), conforme au réel, PARCE QUE, indépendante de l'être qui la pense (2)

A l'extrême, un propos, discours, (ou encore une idée) subjectif(-ve) ne serait pas révélateur de l'objet mais significatif du fonctionnement psychologique de l'être. On serait donc à la limite dans le cas du discours spontané d'un patient chez son psychothérapeute; les paroles émises dans ce cas n'étant pas à considérer en tant que ce qu'elles expriment directement, mais à décrypter comme étant significatives du fonctionnement psychoaffectif du patient. La part affective de celui-ci, étant (dans ce cas) « malade », elle prend une importance telle qu'elle devient alors prépondérante au point d'affecter (au sens de « toucher » « influencer ») l'ensemble de l'être ; son fonctionnement physiologique autant que sa réflexion...

Enfin la subjectivité est spécifiquement la caractère de l'expression artistique en ce que l'objet de celle-ci est de traduire quelque chose de propre à l'artiste.

A l'inverse, la démarche scientifique et philosophique vise obligatoirement et dans le principe même, l'objectivité, puisque l'objet est la compréhension des choses et des êtres --sous entendu « tels qu'ils sont »--.
Il en va de même pour toute démarche ou institution humaine dont l'objet est la recherche de la connaissance. Ainsi et notamment l'institution judiciaire dont l'objet ne peut être, et ne doit être autre chose que la recherche de l'approche de la vérité. Et toute démarche subjective pouvant s'immiscer dans ces domaines ne peuvent mener qu'à l'erreur et à l'injustice.

Une affaire dont nous avons passé depuis peu le 30ème et triste anniversaire de son dénouement, pourrait bien être l'exemple type pour illustrer les concéquences désastreuses de la subjectivité dans ce domaine: L'affaire Christian Ranucci...


1) Ce sens philosophique du mot « objectivité » se confond avec celui de « vrai » (Ce qui est vrai […] existe indépendamment de l'esprit qui le pense (opposé à imaginaire) dans le Robert) et de « réel » (Qui existe d'une manière autonome, qui n'est pas le produit de la pensée. dans la TLFI) Retour au texte

2) il s'agit ici de termes, de mots, c'est-à-dire des «concepts»; et il ne faut pas les confondre avec les parts de la réalité auxquelles ils correspondent. Beaucoup de concepts, même les plus courants (tel que par exemple «grand» ou «gros» ou encore «exact»), n'ont pas de réalité considérés au sens absolu. Ils doivent obligatoirement être compris comme étant en relatifs. Il en va de même pour les mots «vrai» et, évidemment, « objectif». (V. La Planète Raison / A propos des qualificatifs) Retour au texte