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Philosophie de la raison
06/11/06

Discussion à propos de l'enseignement

En prenant un café dans « ma » brasserie habituelle je parlais avec Christina, la serveuse d'origine serbe. Elle me disait avoir été brillante en mathématiques, et avoir appris à l'école ce que l'on apprend ici en sixième ou en cinquième de collège. Selon elle les diplômes obtenus dans son pays ne sont pas reconnus en France, et il lui aurait donc fallu recommencer des études ici. De plus et tout en parlant apparemment couramment le français, elle se disait incapable de comprendre la plupart de nos textes; il lui aurait donc également fallu étudier le français.
Elle me dit enfin qu'elle trouvait dommage qu'un certain nombre de jeunes qui avaient la possibilité de faire des études en ai de moins en moins envie. Car force est de constater que nombre de jeunes chez nous manquait sérieusement de motivation.

Je lui faisais remarquer que, concernant la compréhesion du langage, et bien qu'étant français d'origine, j'étais de plus en plus souvent dans l’incapacité de comprendre un certain nombre de textes, parfois même des paroles. Je lui expliquai que nous savions de moins en moins exprimer à l'aide des mots, et que cela est à mon sens dû au fait que nous avons tendance à de moins en moins comprendre les choses, la compréhension des choses et des idées étant nécessaire à une bonne expression (compréhensible) de celles-ci. C'est également et entre autres le résultat d'une une idée philosophique qui semble s'être imposée aujourd'hui ; l'empirisme. Selon cette thèse , la raison humaine ne peut expliquer les choses de la réalité. Et de ce fait nous devons nous borner aux observations. Ce qui revient à à nier la nécessité de la recherche de la compréhension; et ce qui a probablement induit un comportement mental et courant faisant abstraction d'une certaine curiosité et volonté de comprendre le fonctionnement des choses des êtres. Ne cherchant plus à comprendre, nous ne faisons qu'admettre et mémoriser un savoir, que par conséquent nous ne comprenons plus. Et l'expression des choses de la part d'êtres « non comprenant » ne peut être qu’ incompréhensible....

Quant au fait que les jeunes Français manquent de motivation au sujet des études, je lui disais que je pensais en connaître une des raisons, peut-être essentielle: Tout d'abord j’avais été dans ma jeunesse porté sur les sciences, et à même de comprendre un grand nombre de choses. Mais après avoir laborieusement passé un Bac "D", j'avais délaissé les études dès la première année. Et la raison essentielle de laquelle je me souviens est que je ne comprenais plus rien. Également je me sentais porté dans une autre direction (artistique).
Mon fils actuellement en première année de BTS est sujet aux mêmes désirs d'abandon des études. Et au cours de ses deux dernières années "post Bac", il m'avait rapporté les difficultés que lui et l'ensemble des élèves de sa classe, avaient à comprendre certains professeurs.
Je remarque également la tendance actuelle; l'intérêt porté à l'art comparé au désintéressement des sciences et des techniques. Ces domaines se distinguent en ce que le premier, à l'inverse du second, est dit « créatif ». Ce terme aujourd'hui galvaudé de « créativité » implique une activité de l'esprit. Et c'est à mon sens ce qui manque aujourd'hui tant à l'enseignement qu'aux métiers techniques scientifiques. Et cela est encore une fois et à mon sens le résultat de cette démarche refusant la compréhension des choses -- qui fait intervenir l'imagination et le raisonnement -- et réduisant probablement un certain nombre de métiers techniques et scientifiques à l’application d’un savoir mémorisé, ou appris « mécaniquement ».

Tout cela étant mis en relation avec la réflexion précédente me fait penser que ce manque de motivation peut-être induit entre autre par l'incompréhensibilité du savoir tel qu'il est présenté aujourd'hui.

A cet endroit , Christina me relatait que parfois elle ne comprenait pas, en raison de mots qui lui étaient inconnus, ce que certaines personnes lui demandaient . Et ces personnes manifestaient souvent un étonnement devant ce fait comparé à celui qu’elle s'exprime couramment en français. Elle me dit que la plupart du temps et dans ce cas, ces personnes ne cherchent pas à comprendre « pourquoi elle ne comprend pas » (l’inverse menant en général à expliquer pour se faire comprendre), renoncent immédiatement en « glissant » (en « zappant ») sur un autre sujet. Je lui dis que j'avais constaté ce comportement moult fois et que cela confirmait cette tendance aux nouveaux comportements mentaux faisant fi de la curiosité de la recherche de la compréhension autant des choses que des êtres --ce qui à mon sens revient au même--...