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Philosophie de la raison
28/12/06

Bon sens inversé et « manichéisme primaire »


Révolté depuis toujours par la saleté repoussante des trottoirs de notre capitale, la constation de certaines choses à ce sujet m'a provoqué une réflexion sur ce que nous appelons le « manichéisme ».
Nous tenons pour responsables et faisons l’objet de nos colères les propriétaires de chiens. Mais s’ils sont en (grande ?) partie responsables de la saleté de nos rues, il faut aller audelà de cela : Il y a également celles et ceux qui par manque de dégoût des excréments et marchant « le nez en l’air » étalent copieusement les déjections sur les trottoirs les entrées d’immeubles les paillassons… Également celles et ceux qui toujours sans le moindre dégoût promènent leurs jeunes enfants au milieu des immondices sans même essayer d’éviter les traces de matières fécales étalées . De toute évidence les personnes s’habituent à la saleté et contribuent du même coup à induire la même chose chez les enfants. Mais si cela peut s’inscrire dans une logique de contestation de l’ordre et des valeurs, contestation également des phobies, j’ai remarqué plusieurs fois des jeunes mères induire chez leurs enfants une attention à ne pas marcher dans les flaques d’eau (j'ai aussi pu entendre « attention c’est sale »).

Tout cela m’a toujours produit une impression désagréable, de quelque chose comme des détails révélateurs d’un monde de plus en plus absurde: Les flaques d’eau sont en général de l’eau de pluie, donc de l’eau propre. Et marcher dans cette eau propre susceptible de nettoyer un peu nos pieds est utile avant de pénétrer dans les parties communes de nos habitations –sorte donc de pédiluves naturels-. Il s ‘agit donc de comportements de personnes ayant entre autres un rôle éducatif, inverse à des comportements sains reposant sur le bon sens.

Et ces comportement « inversés » n’en révèlent pas moins un certain manichéisme, lequel est pourtant une des caractéristiques de l’ancien monde et contesté à juste titre.
Le dualisme classant le bon et le propre d’un côté, et le mauvais et le sale d’un autre côté, est à mon sens contestable ; mais en tant que système abrupt et peu nuancé! Les valeurs attribuées aux choses restent souvent justifiées. Le bon sens impliquerait la nécessité de la réflexion et de la compréhension de ce système de valeurs ; et ce qui induirait des comportements plus souples et plus adaptés, plus intelligents, aux différentes situations/êtres.

Dune manière plus générale il me paraît qu'aujourd'hui nous perpétuons ce système manichéen-dualiste car il correspond à une perception/conscience simpliste et infantile de la réalité. Mais à la différence des systèmes de valeurs d’hier motivés par des nécessités d'ordre général, les motivations d’aujourd’hui sont égocentriques, primaires... Nous classons maintenant dans le « positif » ce que nous « aimons » et dans le « négatif » ce que nous n’ « aimons pas ».

Ce fonctionnement primaire et infantile pourrait être légèrement dépassé par la prise en considération de nécessités (ressenties) immédiates. Ainsi ici et par exemple, il est probable que l’on attribue au fait de se mouiller les pieds la cause de maladie bénigne comme les rhumes. On peut alors imaginer que pour certaines personnes l'eau devient « pas bien » ou « sale », comme les enfants disent « pas beau » pour exprimer leur réprobation de quelque chose... Mais il reste que cela participe à la confusion générale.