pensée philosophique raison réflexions
Philosophie de la raison
06/03/07

Confusion dans le langage

Dans la réflexion précédente ("savoir rendre simple ce qui est compliqué" ou "exprimer clairement") j'avais dit qu' exprimer "simplement" quelque chose signifiait que la complexité du discours était en proportion avec celle de la (réalité de la) chose exprimée et non disproportionnée comme c'est trop souvent le cas"

J'explique plus précisément. "Exprimer simplement" est relatif ; c'est-à-dire :
Nous avons aujourd'hui rendu caduque la raison, la recherche systématique de la compréhension de toute chose par l'observation (la plus objective possible) et le raisonnement. Nous aboutissons à des fonctionnements mentaux généralisés basés sur la mémorisation systématique de foules d'informations et d'éléments de savoir, et sur une expression verbale rapide spontanée intuitive et peu réfléchie. Ainsi et logiquement, les expressions étant d'une manière générale et quasi systématiquement volumineuses (bien plus que nécessaire) et confuses, tout discours ou écrit clair, et dont la complexité et le volume sont en proportion avec celle de la chose exprimée, nous semblera " simple ", comparativement. En fait, ce ne sera que "plus simple" -ou moins confus- que ce que l'on a l'habitude d'entendre ou de lire.

Par ailleurs et concernant le fait que la clarté et la concision d'une expression sont en rapport avec notre compréhension de ce que l'on exprime, je précise qu'il ne faut pas confondre et associer systématiquement " volume verbal " et complexité avec confusion ; et donc tomber dans une idée fausse inverse en croyant qu'un discours complexe/volumineux est obligatoirement un discours confus (révélant une conscience confuse). En effet, exprimer un aspect complexe d'une chose, une idée complexe, implique un discours complexe et volumineux ; mais en proportion, et clair !

Pour distinguer des expressions verbales volumineuses/complexes du fait de la complexité des idées à exprimer, d'expressions verbales volumineuses/confuses révélatrices d'idées embrouillées, il existe un critère évident : celui de la compréhensibilité. En effet, hormis les cas de handicaps mentaux, la plupart des personnes sont capables de saisir la réalité jusqu'à des degrés de complétude bien supérieurs au niveau de conscience moyen d'aujourd'hui; mais à la condition que les choses (leurs) soient clairement exprimées (expliquées). Et c'est l'incompréhensibilité des paroles/écrits volumineux/confus qui rend grave leur généralisation car ce phénomène ne peut aller qu'en s'accentuant : l'incompréhension du réel en général, associé au désintérêt de la recherche de la compréhension allant en s'accentuant, l'expression verbale évolue de ce fait vers plus de confusion et entraîne encore plus d'incompréhension. Le langage lui-même risque d' " évoluer " de manière perverse ; car n'est-ce pas l'usage qui détermine la langue " académique/officielle " ?…

Pour inverser cette tendance il faudrait donc (mais entre autres) et d'une manière générale, activer un intérêt porté à la recherche de la simplification (relative) / clarification du langage. Il faudrait également et impérativement induire le soucis de la connaissance du sens exact des mots (et de la prises en compte des étymologies) et en excluant absolument d'en rester à des emplois intuitifs et approximatifs.

Cette démarche va bien évidemment en sens inverse de celles et ceux qui ne se souciant pas de la véracité de leurs idées mais uniquement d'en convaincre les autres (pour des raisons de stratégies, d'intérêts personnels politiques commerciaux, ou sentimentales) , jouent précisément sur la confusion du langage afin de paraître posséder des arguments. Ceux-là participent à l'accentuation de la confusion générale, à la dégénérescence du couple langage-conscience.