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Philosophie de la raison
19/03/07

Le Bon Sens et l’« Absurde »

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Le sentiment d’un monde de plus en plus absurde a fait place chez moi et depuis quelques années à une conscience de la dégénérescence de la raison dans le milieu urbain. Depuis, chaque détail qui m’aurait effaré et il a une vingtaine d’années, je le trouve hélas « normal », compréhensible.
Voici une anecdote particulièrement caricaturale. Un jour passé je rencontrais une personne que je connaissais bien,  le cou immobilisé dans une minerve. Elle me relata un accident, cause probable de ses problèmes cervicaux, arrivé quelques années auparavant : lors d’un bain de mer et dans un endroit où elle « avait pied », elle avait voulu appliquer ce qu’on lui avait appris en stage de plongée en apnée ; on se met brusquement en position verticale, la tête en bas, et le poids de la partie émergée du corps (n’étant plus compensée par la force d’Archimède) nous propulse sous la surface de l’eau. Elle heurta évidemment le fond avec sa tête et s’abîma les vertèbres cervicales. Je me souviens l'avoir regardé et écouté, totalement éffaré. Je me demandais après si des problèmes d’inattention ou de confusion, d’inversion momentanées, ou quelque autre « bug » cérébral, c’est-à-dire quelque phénomène mental d’ordre accidentel (1), pouvait avoir causé cela. Mais je crois maintenant qu’il s’agissait beaucoup plus probablement de ce phénomène hélas courant de « déconnexion » d’une certaine part du réel…

J’observe aujourd’hui et sans discontinuer des comportements ou des paroles spontanées et intuitives constituant souvent des défis au bon sens le plus élémentaire. Je ne m’en étonne plus, mais je refuse de m’y habituer. Et à chaque fois c’est un sentiment de colère venant du fait que c’est ce manque de bon sens généralisé, cet illogisme systématique (inadéquation de la démarche mental au réel), qui à mon sens amène ce monde absurde et pousse de plus en plus de personnes à agir et à se comporter de manière systématiquement inverse à la manière adaptée, logique.

Ainsi et entre autres, alors que dans nos villes polluées par les gaz des voitures et du fait d’un sentiment « anti-automobilistes » et « pro piétons », nombre de piétons s’autorisent à traverser d’autorité au nez des véhicules en mouvement, et certains automobilistes s’arrêtent systématiquement pour laisser passer des piétons même lorsque ceux-ci attendent. Or un minimum d’observation et de réflexion devrait permettre à chacun de comprendre qu’arrêter un véhicule de l’ordre de la tonne par exemple et l’obliger ainsi et ensuite à ré acquérir une vitesse de 50Km/h provoque une surconsommation d’énergie ainsi qu’une pollution supplémentaire. De manière générale, les politiques et comportements « anti-auto » alliés à une absence d’une réelle résolution du problème de la présence des voitures, ne fait à mon sens pour l’instant que favoriser la consommation d’essence et la pollution.

« La cerise sur le gâteau » pourrait-on dire; alors que j’exprimais approximativement cela sur une liste de discussion dédiée à l’enseignement scientifique à l’école, une personne (un enseignant ?!) me répondait que c’était faux en raison des progrès techniques permettant aujourd’hui une réduction considérable de la consommation.
Or qu’en est-il : imaginons une masse qu’on pourrait déplacer sans frottement. Celle-ci étant au repos, pour lui faire acquérir une certaine vitesse nous devrons la « pousser », c’est-à-dire lui appliquer une force, et donc dépenser une certaine énergie. Et nous pouvons facilement l’observer : lorsque nous poussons un véhicule, c’est le démarrage qui est dur. Une fois lancée, cette masse possède une énergie cinétique, un « élan » en quelque sorte. Et pour l’arrêter nous devons lui opposer une résistance pour vaincre la force qu’elle « produit » alors (2). Ainsi, on peut supposer tout à fait naturellement ce qui constitue cette loi de mécanique élémentaire bien connue, qu’en l’absence de force, un mobile animé d’un mouvement rectiligne uniforme conserve indéfiniment son mouvement.
Bien entendu il s’agit là d’un raisonnement sur un modèle idéalisé. Dans la réalité, à notre échelle et plus particulièrement à la surface de notre planète, à tout déplacement s’opposent des forces de frottement. C’est ce qui explique qu’une voiture roulant à vitesse constante sur une autoroute consomme tout de même de l’essence. Ce sont la résistance de l’air et les forces de frottement des pièces de mécanique elles-mêmes qui nécessitent que le véhicule soit « poussé » en permanence. Aujourd’hui les progrès techniques principalement en matière de moteurs ont minimisé ces forces de frottement. Mais si la consommation à vitesse constante (et donc globalement) a diminué, la sur consommation due aux redémarrages répétés ne dépend que du poids des véhicules (leurs « masses ») et des variations de vitesse.

Le nombre de choses semblables est sans limite et à tous les niveaux du monde humain (paroles et comportements individuels ou collectifs, organisations décisions politiques administratives, langages), et probablement dans toutes les sociétés. On pourrait penser que ce ne sont que des détails, mais l’ensemble constitut un comportement mental qui se généralise et amène ce que bien des personnes perçoivent comme un « monde qui tourne à l’envers ». Une partie de l'humanité semble vouloir devenir semblable à cette ancienne création appelée « Les Shadoks ». Et je redoute aujourd’hui que l’incapacité d’analyse et de compréhension du réel nous amène à commettre l’irréparable. Nombre de personnalités politiques se basant probablement sur nombre d’opinions de spécialistes favorables, ne se sont-elles pas engagé à légaliser l’ « homoparentalité » ?... La suite sur « homoparentalité » >>



1) Tout cela étant à mon sens possible chez les personnes ayant une intense activité cérébrale tel que j’imagine, ce pourrait être le cas pour certains chercheurs scientifiques, ou encore pour des chercheurs d’antan que l’on appelait des « savants » (ou encore des philosophes). Phénomène –toujours à mon sens- comparable au bug informatique, c’est-à-dire à une erreur accidentelle dans l’acheminement de certaines informations, due au nombre colossal d’informations élémentaires traitées. Mais ce n’était pas le cas ici.
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2) Sil s’agit d’une voiture que nous avons péniblement poussé en terrain plat, et si nous cessons, il est évident que la voiture s’arrêtera d’elle-même. Mais ce n’est qu’en raison précisément de tous les frottements des pièces de mécanique qui produiront une force de résistance de direction opposée.
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