Le sentiment d’un monde de plus en plus absurde a fait place chez moi et depuis quelques années à une conscience de la dégénérescence de la raison dans le milieu
urbain.
Depuis, chaque détail qui m’aurait effaré et il a une vingtaine d’années, je le trouve hélas « normal », compréhensible.
Voici une anecdote particulièrement caricaturale. Un jour passé je rencontrais une personne que je connaissais bien, le cou immobilisé dans une minerve. Elle me relata un accident, cause probable de ses problèmes cervicaux, arrivé quelques années auparavant : lors d’un bain de mer et dans un endroit où elle « avait pied », elle avait voulu appliquer ce qu’on lui avait appris en stage de plongée en apnée ; on se met brusquement en position verticale, la tête en bas, et le poids de la partie émergée du corps (n’étant plus compensée par la force d’Archimède) nous propulse sous la surface de l’eau. Elle heurta évidemment le fond avec sa tête et s’abîma les vertèbres cervicales. Je me souviens l'avoir regardé et écouté, totalement éffaré. Je me demandais après si des problèmes d’inattention ou de confusion, d’inversion momentanées, ou quelque autre « bug » cérébral, c’est-à-dire quelque phénomène mental d’ordre accidentel (1), pouvait avoir causé cela. Mais je crois maintenant qu’il s’agissait beaucoup plus probablement de ce phénomène hélas courant de « déconnexion » d’une certaine part du réel…
Ainsi et entre autres, alors que dans nos villes polluées par les gaz des voitures et du fait d’un sentiment « anti-automobilistes » et « pro piétons », nombre de piétons s’autorisent à traverser d’autorité au nez des véhicules en mouvement, et certains automobilistes s’arrêtent systématiquement pour laisser passer des piétons même lorsque ceux-ci attendent. Or un minimum d’observation et de réflexion devrait permettre à chacun de comprendre qu’arrêter un véhicule de l’ordre de la tonne par exemple et l’obliger ainsi et ensuite à ré acquérir une vitesse de 50Km/h provoque une surconsommation d’énergie ainsi qu’une pollution supplémentaire. De manière générale, les politiques et comportements « anti-auto » alliés à une absence d’une réelle résolution du problème de la présence des voitures, ne fait à mon sens pour l’instant que favoriser la consommation d’essence et la pollution. « La cerise sur le gâteau » pourrait-on dire; alors que j’exprimais approximativement cela sur une liste de discussion dédiée à l’enseignement scientifique à l’école, une personne (un enseignant ?!) me répondait que c’était faux en raison des progrès techniques permettant aujourd’hui une réduction considérable de la consommation. Or qu’en est-il : imaginons une masse qu’on pourrait déplacer sans frottement. Celle-ci étant au repos, pour lui faire acquérir une certaine vitesse nous devrons la « pousser », c’est-à-dire lui appliquer une force, et donc dépenser une certaine énergie. Et nous pouvons facilement l’observer : lorsque nous poussons un véhicule, c’est le démarrage qui est dur. Une fois lancée, cette masse possède une énergie cinétique, un « élan » en quelque sorte. Et pour l’arrêter nous devons lui opposer une résistance pour vaincre la force qu’elle « produit » alors (2). Ainsi, on peut supposer tout à fait naturellement ce qui constitue cette loi de mécanique élémentaire bien connue, qu’en l’absence de force, un mobile animé d’un mouvement rectiligne uniforme conserve indéfiniment son mouvement. Bien entendu il s’agit là d’un raisonnement sur un modèle idéalisé. Dans la réalité, à notre échelle et plus particulièrement à la surface de notre planète, à tout déplacement s’opposent des forces de frottement. C’est ce qui explique qu’une voiture roulant à vitesse constante sur une autoroute consomme tout de même de l’essence. Ce sont la résistance de l’air et les forces de frottement des pièces de mécanique elles-mêmes qui nécessitent que le véhicule soit « poussé » en permanence. Aujourd’hui les progrès techniques principalement en matière de moteurs ont minimisé ces forces de frottement. Mais si la consommation à vitesse constante (et donc globalement) a diminué, la sur consommation due aux redémarrages répétés ne dépend que du poids des véhicules (leurs « masses ») et des variations de vitesse.
1) Tout cela étant à mon sens possible chez les personnes ayant une intense activité cérébrale tel que j’imagine, ce pourrait être le cas pour certains chercheurs scientifiques, ou encore pour des chercheurs d’antan que l’on appelait des « savants » (ou encore des philosophes). Phénomène –toujours à mon sens- comparable au bug informatique, c’est-à-dire à une erreur accidentelle dans l’acheminement de certaines informations, due au nombre colossal d’informations élémentaires traitées. Mais ce n’était pas le cas ici. |