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Philosophie de la raison
23/04/07

L’incompréhension et l’abstraction

La chaleur la température et l’Énergie

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A la suite de ma réflexion sur la consommation d'essence et la pollution en rapport avec les variations de vitesse des autos (Le Bon Sens et l'« Absurde »), et la difficulté générale de comprendre cela, je repensais à d'autres anecdotes sans relation apparente et immédiate. La relation entre les deux, le « trait d'union » est en fait le concept d' « énergie ».
Étant jeune garçon je me heurtais un jour à une personne de ma famille à qui j'expliquais qu'un vêtement protégeant bien du froid n'était pas véritablement « chaud », au sens où il ne produit pas de chaleur comme cette terminologie semble l'exprimer, mais isolant. Il me semble me souvenir que l'argument de cette personne proche était que les concepts de température et de chaleur était deux concepts distincts. Plus de quarante ans plus tard j'ai eu un échange sur une liste de discussion consacrée à l'enseignement scientifique à l'école. L'objet de l'échange était l'apprentissage de la démarche d'esprit (scientifique) en partant des observations. Après un propos erroné de ma part concernant le phénomène d'ébullition et d'évaporation (confusion/oubli due à la précipitation et à la pression dans une discussion collective) de l'eau et que je corrigeais aussitôt, j'affirmais :
A priori (et dans le principe) la température monte tant qui il y a apport de chaleur (et ce malgré certaines apparences). Si ce n'est pas le cas c'est qu'il y a fuite ou absorption de cette chaleur. Dans le cas présent, il y a dispersion par convection et absorption par le phénomène de changement d'état.
Il s'en était suivi une avalanche de messages contestant cela. Je répondais de manière méthodique à un certain nombre de message et vis mes réponses censurées. Sans rentrer dans le détail de la « discussion» confuse, il m'a semblé que l'apparition ou la disparition de la chaleur était (parfois ou souvent) admise comme inexplicable, et/ou qu'il y avait un refus de toute recherche de compréhension et de toute démarche rationnelle de raisonnement. Et apparemment, le fait que la température et la chaleur soient deux concepts distincts ajouté à celui qu'on peut observer des variations de température sans apport ni fuite de chaleur et inversement, des apports de chaleur sans augmentation de température, équivaudrait pour certains à ce qu'ils soient sans relation. De manière cohérente à cela j'ai également perçu une incapacité de comprendre (ou un refus d'admettre conséquent à des idées pré-établies ? Ou encore à des théories scientifiques admises mais incomprises) cette notion de « quantité » de chaleur que je mettais en relation avec celle de température. En réalité et selon moi, la chaleur étant une certaine agitation de certaines particules, la température est une grandeur qui caractérise le degré d'agitation. Cette agitation, dite « agitation thermique », revient donc à une forme d'énergie mécanique. Et l'augmentation de température étant une augmentation de ce degré d'agitation, serait donc une augmentation de la « quantité d'agitation » -c'est à dire d'énergie- et donc de chaleur. Enfin la chaleur, forme d'énergie, et notion « quantifiable », pourrait être produite ou absorbée par des phénomènes étant en fait des transformations d'énergie... Jusqu'à récemment je ne comprenais pas le pourquoi de la difficulté de compréhension de ces phénomènes pourtant relativement simples lorsqu'ils sont considérés de manière approximative (« en gros»). Apparemment et selon ces anecdotes (parmi d'autres) il y aurait une difficulté, d'une manière générale, à « intégrer » la réalité du concept d'« énergie »; et à fortiori celui de « conservation » de l'énergie (*). Je constate également la véhémence, voir l'agressivité de certain(e)s de mes détracteurs lorsque je parlais de « quantité de chaleur».
Il m'est d'abord revenu cette idée que pour bon nombre de personnes la notion de « quantité » était en rapport -- voir confondue -- avec celle de volume. Celles-ci ne pourraient donc concevoir les notions de « quantité d'énergie ». La notion d'« énergie » étant par ailleurs et probablement quelque chose d'abstrait, à la limite de l'irréel car non visible.
Je me remémorais alors cette autre anecdote d'une amie venant d'être le témoin d'un accident de moto, et qui me dit se rendre compte alors que « faire de la moto » était une pratique dangereuse. Ainsi nombres de personnes ont besoin de « voir pour croire », c'est à dire en fait pour se rendre compte.
Cela me renforce donc dans cette idée de la difficulté pour accéder à la conscience de la réalité par l'opération de la réflexion, de la pensée. Par suite, lorsque nous traitons de choses pourtant bien réelles mais non perceptibles (directement), certaines de ces choses comme probablement le concept d'énergie, font l'objet d'une certaine confusion car ils sont pour beaucoup d'entre nous, « abstraits ». Nous nous retrouvons donc ici comme ailleurs au coeur de cette problématique millénaire exprimée par l'allégorie de la Caverne de Platon: Ce que nous percevons du réel n'est toujours qu'une faible part de celui-ci (par exemple dans l'allégorie ce sont les ombres), et nous avons bien du mal à accéder à la conscience d'une part plus globale que nous ne pouvons percevoir directement (La problématique>>>)...