Au débat entre les deux tours de la présidentielle de 2007, on avait vu un candidat de droite calme et pragmatique, mettant continuellement en avant l’exposition des situations et les solutions qu’il proposait, face à une candidate socialiste plus dans l’art du discours et la recherche d’effets (tout au moins à ce moment-là du le jeu électoral). Je lus à la veille du scrutin et lors d’une de ses dernières tournées que celle-ci avait qualifié son adversaire d’ « arrogant »...
En 74 se tenait un procès dont la validité est toujours contestée et à l'issue duquel un jeune homme du nom de Christian Ranucci fut exécuté. Selon un reportage diffusé sur une des chaînes audiovisuelles nationales, ainsi que des documents publiés par l'association pour la réouverture du dossier, il apparaît une incohérence, une incrédibilité des éléments à charge et une non-prise en considération des principaux éléments à décharge. Selon les documents audiovisuels diffusés,  le comportement de l’accusé aurait été celui d'un innocent accusé à tort mais confiant dans l'idée que l'on allait s'apercevoir de l'erreur. Dans une ambiance d'exacerbation de haine et de besoin de vengeance générale, celui-ci, toujours selon ces mêmes documents, fut qualifié par certaine presse de l’époque d’ « arrogant »...
Dans un certain nombre de discussion sur des forums du Net, j'avais été qualifié d’ « arrogant » par des personnes dont mon argumentation faisait apparaître la démarche comme erronée...

Au final, je constate que des comportements reposant sur la confiance dans le pouvoir de la démonstration et du raisonnement, irritent ou exaspèrent. Mais qualifier son contradicteur d’ « arrogant », chose si fréquente dans ce genre de situation, m’a souvent paru bizarre.
« Arrogant » est défini dans le TLFI comme Qui va à l'encontre des bienséances par une estime excessive de soi. Cela signifierait donc qu’une personne arborant un comportement de raison mettant autrui en défaut de ce fait, ou encore affichant (toujours de ce fait) une confiance dans ce qu’elle dit, serait  ressentie comme possédant une estime excessive d’elle-même. Or pourquoi cela ?

Il me vient maintenant cette idée que nous avons affaire à des attitudes « projectives » de la part de personnes pour qui le plus important est de « paraître »; égocentrisme et/ou nécessité de tenir un rang dans le monde humain? Et pour ces personnes, « avoir raison » (« réellement »), se confond avec « paraître avoir raison ». Et celui qui affiche une confiance due à la certitude quand à ce qu’il dit, démontre, et paraît de ce fait certain de convaincre, peut-être perçu (par ces personnes) comme quelqu’un de confiant dans sa capacité de paraître, et donc dans sa propre personne, et non dans ce qu’il dit !