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Philosophie de la raison
04/07/10

Abondance, zapping, et superficialité de la raison

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Je cherchais récemment à me renseigner sur ce qu’il était advenu de cet espace d’ exposition-animation à la Cité des Sciences ; l’ « Inventorium ». Depuis l’inauguration de la cité en 1986, et destiné aux enfants, cela avait vocation de les sensibiliser à la science. Le plus grand intérêt que j’y voyais était de contribuer à rétablir ce contact avec la réalité des choses perdu en milieu citadin, et de redécouvrir l’expérimentation par le jeu. C’est aujourd’hui devenu la « Cité des enfants ».
En voyant les vidéos de présentations j’avais immédiatement eu cette impression de « quelque chose qui ne va pas ». On pouvait voir des groupes d’enfants circulant continuellement d’un jeu à l’autre, se livrant rapidement aux manipulations proposées. Ce la donnait l’impression d’un « zapping » collectif continuel au milieu d’une multitude de gadgets.
Et cela m’amène à repenser à la nécessité d’encourager l’expérimentation et l’observation pertinente, indissociable de la réflexion, reposant sur la curiosité, le désir de comprendre, et que notre société d’abondance semble avoir mis à mal en induisant cette manie du zapping et une extrême superficialité de la Raison.
Il m’est revenu alors ce que j’avais remarqué biens des fois, à savoir qu’à cet égard les enfants ne sont naturellement pas égaux (A propos de pédagogie)...
Il m’est revenu aussi le souvenir de ce que m’avait rapporté une amie au sujet de sa fille alors âgée de 6 ans. Un jour la petite Alejandra en rentrant dans une des pièces de la maison, la porte s’étant refermé brutalement derrière elle, avait vu la plante posée sur la table bouger légèrement. Elle s’était arrêté, avait regardé la plante, le sol, puis la porte. Elle était revenue en arrière et tenté de rouvrir la porte pour la refermer... Elle avait remarqué la simultanéité de deux événements et suspecté ce que l’on appelle une relation de cause à effet entre les deux.
Je me dit alors que son jeune esprit fécond, dans la mesure où la société pouvait encourager véritablement son développement, donnerait plus tard quelqu’un doté d’une grande intelligence et d’un esprit de bon sens.
A l’inverse, lorsque je vois des enfants ou des adultes passer continuellement à côté de choses sans les remarquer, ou percevoir leur environnement de manière excessivement sélective (donc excessivement subjective), j’ai cette impression funeste d’un autisme généralisé au plan de la Raison.