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Philosophie de la raison
02/01/11

Le non-dégoût sur fond d'idée reçue

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Dans une de nos rames de métro parisien les plus sales, je me trouvais face à une jeune fille encombrée de ses bagages. Ayant besoin de ses deux mains pour utiliser son smartphone elle s’assit sur sa valise et posa aussitôt son sac à dos et son sac à main sur le sol malpropre et répugnant. Et cela ne sembla ni la dégouter ni la gêner.
Une nouvelle fois je me mis à penser que ce type de comportement antihygiénique était le résultat de cette opposition systématique à l’ancien monde, dénonçant nos phobies comme des faits de sociétés , et que cela s’appuie entre autres mais d’abord sur cette idée reçue en forme d’équation réductrice : « non naturel = mal »...

Ainsi, dans le magazine Direct Matin du 5/02/2010, l'interview d’un médecin psychiatre (*) portait ce titre: Personne ne naît avec une phobie. Mais... Naît-on poli et respectueux des autres ? Naît-on doté naturellement de la connaissance et du langage des mots ? Un des rôles de la société humaine n’est-elle pas d’éduquer les êtres, de les « sociabiliser », de faire devenir des hommes et des femmes des êtres qui, sans l’encadrement socioculturel, ne seraient que des mâles et des femelles proche de notre état ancestral, primaire, animal ?
 
Il est vrai cependant que les phobies sont des peurs et des répulsions excessives. Et ce côté excessif peut être probablement gênant. Mais en s’attaquant aux phobies, par manque de discernement, on s’attaque également aux peurs et aux répulsions elles-mêmes. Or ces peurs et ces répulsions qui sont aussi des faits de société, n’ont-elles pas pour rôle de nous protéger ? N’est-ce pas le cas par exemple de la peur du vide, de la claustrophobie, ou du dégoût du « sale », des excréments et autres rejets du corps contenant des germes pathogènes.

Mais concernant la répulsion du « sale », sa contestation repose aussi sur cette autre idée reçue : ce serait la confrontation aux germes qui renforcerait nos défenses...
 
S’il est vrai que la surprotection des enfants (on dit « élevé dans une bulle ») ne permet pas aux défenses de se mettre en place, le manque d’hygiène ne peut guère à mon sens rendre plus beaucoup plus résistants ; mais il peut rendre plus malade ! Et si les espèces animales possèdent des défenses immunitaires supérieures aux nôtres, ce n’est que le fait d’une sélection naturelle qui n’existe plus dans l’espèce humaine, qui de ce fait, se fragilise au fur et à mesure des générations...


*) Propos [de Didier Destal] recueillis par M. L.