C’était un des sujets de l'épreuve de philosophie au BAC de cette année... Et lorsque j’en ai eu connaissance, j’ai aussitôt eu envie de dire que c’était «
plus compliqué », et qu’on devait réfléchir sur ce que
signifie «
avoir raison » et sur ce que l’on nomme des « faits »! Mais c'était une réaction immédiate...
Puis, en réfléchissant, je me dis ensuite; «
avoir raison » pris au sens principal, n’est-ce pas précisément
dire la
vérité, c’est à dire émettre un discours conforme à son objet, donc aux faits?... Apparemment, le sujet pouvait donc être traité par une simple réponse négative
justifiée de cette manière.
Mais j’étais insatisfait autant par ma réponse que par la formulation du sujet.
J’essayais (« pour voir ! ») de le reformuler: cela équivalait à «
peut-on dire une vérité contre les faits », et signifiait de toute évidence «
peut-on considérer comme une
vérité, ce qui est contredit par les faits ».
Mais je n’étais toujours pas satisfait, percevant quelque chose de « faux » dans ce questionnement. Car comment peut-on parler des « faits », alors que l’on ne fait que PARLER DE CE
QUE L’ON CONNAIT DE CES FAITS!?
J’aboutis alors à «
peut-on considérer comme une vérité, ce qui est contredit par ce que l’on connaît des faits». Et là, la réponse pourrait être oui...
Je peaufinais la formulation : « Devrait-on avoir le droit d’affirmer la véracité d’une idée non conforme à ce que l’on connait des faits, ou à ce que l’on en perçoit ? »
Et là, la réponse est OUI de manière quasi certaine!
Par exemple, cette fameuse anecdote qui nous vient du 17ème siècle, lorsque l’astronome et physicien Galilée affirmait que la Terre tournait autour du soleil. Et ici, notre
sujet de philo reviendrait à demander s’il avait le droit d’affirmer cela puisque les faits admis à cette époque étaient l’inverse, et cohérents avec ce que l’on pouvait voir,
observer (explication>>)!?
Si l’on reste au même endroit pendant une journée ensoleillée, on voit bien le soleil apparaitre d’un côté, s’élever, passer au dessus de nous pour redescendre
et disparaitre ensuite de l’autre côté. Et c’est notre perception réelle, sans aucune illusion d’optique!
Et pourtant, nous savons qu’il avait raison!
Cela revient à dire qu’il y a nécessité absolue de bien distinguer d’un côté les faits eux-mêmes, et de l’autre, la connaissance, la conscience, ou la perception que l’on a
de ces faits. Car aujourd’hui encore, nous confondons notre conscience du réel avec la réalité même. Et, plus familièrement, nous « prenons pour argent comptant » ce que nous voyons
ou ce que l’on nous dit.
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Les hommes ont toujours compris le monde comme ils le voyaient ... Cette problématique qui fut posée la première fois il y a près de 2500 ans sous la forme de ce récit
imaginaire qu’est la «
Caverne de Platon », est encore souvent bien mal comprise.
Nous devrions tous aujourd’hui être en mesure de comprendre que pour acquérir une bonne
conscience, ou une connaissance correcte (c'est à dire non illusoire)
Toute connaissance comparée à l’infini complexité du réel est obligatoirement incomplète, donc approximative. Tout le problème est qu’elle ne soit pas
résolument illusoire; c’était semble-t-il la préoccupation philosophique centrale d’Albert Einstein...
du réel, ou des faits, l’observation seule est insuffisante; le raisonnement s’appuyant sur des observations, ou des informations multiples est nécessaire.
Et ce que l’on peut retenir de cette réflexion, est qu’apparemment (!), un problème correctement posé, exprimé, est en partie résolu. Et poser correctement un problème,
comme exprimer correctement quelque chose, exclu la spontanéité, toute démarche intuitive non suivie d’une réflexion suffisante dans un souci de précision et de compréhension
claire!
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