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Philosophie de la raison
11/07/15

« Se mettre à la place des autres »

Ambiguïté de langage, non-dits, et interprétation non pertinente
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Toute étude comme toute expérience fournit d’abord des résultats bruts. Mais pour avoir une signification, ceux-ci doivent être interprétés. Et tout est question d’interprétation juste, ou pertinente…
Le magazine direct matin dans son numéro du 5 juin 2015 rapportait une étude américaine comparant les comportements d’enfants multilingues et d’enfants monolingues mis dans une certaine situation; « Les bilingues s’adaptent mieux »...
« […] l'homme apprend à se mettre « à la place des autres.» Et certains y arriveraient mieux que d'autres. […] Trois voitures de tailles différentes étaient disposées sur une table devant eux, la plus petite étant cachée aux yeux d'un observateur faisant face à l'enfant. L'adulte déclarait voir «une petite voiture» et demandait à l'enfant de la déplacer. Dans 75 % des cas, les enfants bilingues ou exposés à d'autres langues déplaçaient la voiture de taille moyenne, la seule «petite» voiture que l'observateur pouvait voir, contre 50 % pour les enfants monolingues. Ce qui signifierait, selon les conclusions de l'étude, que les enfants sensibilisés à d'autres langues ont plus de facilités à comprendre le point de vue d'une autre personne et à agir en fonction de cette autre perspective. « Pour comprendre les intentions d'une personne qui parle on doit avoir sa perspective expliquent les chercheurs, [...] » »

Alors, et comme les chercheurs l’ont peut-être fait (?), essayons de nous mettre à la place des enfants…
Mais précisons d'abord ceci… Pour qui perçoit et comprend bien le réel (>>) ainsi que le langage des mots, et selon ce qui est relaté dans l’article, la phrase prononcée par l'adulte est incomplète. Il s’agit dans les faits, de comparer des comportements d’enfants face à une question dont la compréhension dépend d’une affirmation préalable ambigüe; puisque l’adulte déclare voir « une petite voiture » au lieu de « deux voitures dont l'une est plus petite » !...

Ce qui s’est peut-être passé dans la tête des enfants…

Dans le cas où les enfants déplacent la voiture de taille moyenne (75 % des enfants multilingues et 50% des enfants monolingues).
Dans ce cas là, ils auraient perçu directement ce que l’adulte était censé dire en se mettant « à sa place », mais sans être troublés par l'ambiguïté de la phrase décrivant incomplètement la réalité... Car « à la place » de l'adulte, peut-être auraient-ils dit la même chose.

Dans l’autre cas
Bien que cela ne soit pas mentionné dans l’article, on peut supposer que les enfants déplacent celle cachée à l’adulte.
L’explication à mon sens la plus plausible est celle-ci : admettant naturellement qu’un adulte ne peut se tromper, certains enfants auraient alors imaginé que celui-ci, en disant « je vois », aurait peut-être voulu dire je «perçois » au sens de « je devine », que ce qui est caché est la petite voiture. Nous serions donc ici dans une démarche plus réfléchie.

Et ce que l’on pourrait tirer de cela est qu’une démarche moins « raisonnée » (c'est à dire moins rationnelle) serait (parfois?) plus adaptée à une situation peu claire ou ambigüe que des esprits plus rationnels. Il y aurait par exemple ici, adéquation entre esprits plus intuitifs que rationnels (>>), et expression similaire. Et se mettre « à la place de l'autre » sans erreure (!) n'est possible que lorsque l'on fonctionne mentalement de la même manière (>>).
Il se pourrait aussi que la part importante de l’empirisme dans l’apprentissage des langues (>>), contribue et/ou sélectionne, les êtres aux démarches mentales plus intuitives qu’analytiques…