pensée philosophique raison réflexions
Philosophie de la raison
05/09/07

Le « désapprentissage » de la pensée


Dans un fil de discussion sur un forum de philosophie, et où il était question de l' « empirisme » (*), un intervenant faisait remarquer qu'un certain nombre de découvertes, comme celle de l'existence des atomes, datent de l'antiquité (donc d'une époque où l'on ne pouvait observer ces phénomènes). Un autre répondit que, étant donné le nombre des idées émises dans l'antiquité, il était normale que quelques unes purent être vraies. Mais, concernant l'exemple, l' idée que l'on pouvait se faire des atomes était loin des modèles d'aujourd'hui.
J'avais répondu (approximativement) ceci :
La pensée et l'imaginaire humain a pu créer dans le passé une foule d'idées irréalistes et illisoires. Cela montre que bien évidemment, penser, ou raisonner ne signifie pas obligatoirement raisonner de manière adaptée (ou « exacte »). Mais il est signifacatif que sur l'ensemble il ai pu se trouver un certain nombre d'idées « réelles ». Et cela met en défaut cette idée incluse dans l'empirisme que la connaissance ne serait pas accessible par (l'activité de) la raison. Mais il est évident que l'on ne raisonne pas à partir de rien. Et les éléments à partir desquels on raisonne sont obligatoirement des observations (directes ou indirectes via la connaissance déjà acquise) . Et toute connaissance est le fruit d'observations ET de raisonnements (ou de calculs ; ce qui est équivalent). Par ailleurs et également, plus nous possédons d'éléments d'information (obervations, connaissances) plus nous sommes susceptibles de créer des idées/hypothèses justes ou complètes (ce qui est une idée « relativiste »). Il est donc évident que les éléments de connaissance rudimentaires des anciens et leurs moyens d'observation réduits ne pouvaient pas aboutir à la représentation des atomes d'aujourd'hui.

Mais le problème essentiel de l'empirisme est sa conséquence qui est le refus par un grand nombre de la recherche de la compréhension par le raisonnement logique ; et j'ai malheureusement pu remarquer cela chez un bon nombre d'enseignants. Ainsi, pour certains, le savoir scientifique se ramène à une série de constatations et de lois qui sont donc obligatoirement abstraites , c'est-à-dire, qu'on le veuille ou non, incompréhensibles. Ce qui ouvre donc la voie à toutes les absurdités possibles. Et cela contribue également à ce qu'on pourrait appeler le " désapprentissage " de la pensée, de la réflexion…
*) L' " empirisme " (http://www.gillesguerin.com/philosophie/th/empirisme.htm) est une vieille idée ; selon le dictionnaire en ligne TLFI (http://atilf.atilf.fr/tlf.htm/) il s'agissait anciennement d'une Pratique de la médecine (dont l'origine remonte à l'Antiquité) qui se fonde uniquement sur l'expérience, l'observation, le hasard, rejetant ainsi tout recours à la théorie ou au raisonnement. Avec le philosophe David Hume elle a pris la forme d'une théorie. Celui-ci [...] voit dans l'expérience l'unique source de notre savoir: [...] il tient la science pour inductive, et borne ses prétentions à la découverte de lois, c'est-à-dire de relations constantes dont nous échappe la raison. [...] (" HUME (David) 1711-1776 " Ferdinand ALQUIE - Encyclopédie Universalis)