Au cours d’un échange et lorsque j'exposais mon idée principale comme quoi le sens de l'évolution humaine devrait nous
amener à une dissociation de plus
en plus poussée entre notre activité cérébrale, la pensée, et une autre activité et d'ordre plus « végétatif », notre vie émotionnelle (1), quelqu'un dit
« c'est schizo». Je savais que la schizophrénie consistait en une perte de contact avec la réalité, mais je regardais attentivement la définition.
Tout d'abord l'étymologie : Le mot viendrait du grec «skhizeîn », fendre, et «phrên » « phrênos » pensée.
Ensuite la définition dans le TLFI : « Psychose chronique caractérisée par une dissociation de la personnalité, se manifestant principalement par la perte
de contact avec le réel, le ralentissement des activités, l'inertie, le repli sur soi, la stéréotypie de la pensée, le refuge dans un monde intérieur
imaginaire, plus ou moins délirant, à thèmes érotiques, mégalomanes, mystiques, pseudo-scientifiques »
Cette partie de la définition confirme la connaissance approximative que j'avais de ce mot : il s'agit bien d'une perte du contact avec le réel, la pensée
devenant alors « séparée » (2), indépendante de cette réalité.
L’idée sous-jacente au fait de qualifier de « schizo » la séparation de la pensée et de l’émotionnel me semble être un parti pris intuitif pour l’individu « entier », pensant de manière cohérente avec ce qu’il ressent. Et dans le même ordre d’idée, il est excessivement répandu d’attribuer aux perceptions, aux sensations et aux intuitions le pouvoir de bien saisir la réalité. Erreur fondamentale et probablement millénaire qui nous ramène encore une fois à cette problématique de fond imagée par l’allégorie de la caverne… 1) si l'univers émotionnel et affectif intervient toujours dans ladétermination des opinions, dans la formation ou le choix des idées, cela implique que la vision des choses, la conscience de chacun et de chacune, sera toujours dépendante du caractère, du fonctionnement psychoaffectif des personnes, et non de la réalité considérée seule. Ainsi, suivant que celles-ci seront sympathiques et avenantes, ou « méchantes », douces ou agressives, optimistes ou pessimistes, suivant leur sexe ou encore leur état de santé, la conscience d'une seule et même chose sera différente. Cela revient à dire que plus cet « univers émotionnel » est prépondérant dans la formation ou le choix des idées, plus le regard, le jugement sur les choses et les êtres (le « réel ») est subjectif et partial. Dans un monde composé d'êtres dominés par leurs affects le concept d' « objectivité » sera toujours incongru. Egalement et dans ce cas, la diversité humaine étant infinie, l'entente entre les êtres est obligatoirement illusoire ; chacun interprétant les observations de manière différente, même sans tenir compte de la notion d'intérêt personnel, le monde ne pourra jamais, être autrement que conflictuel. La Planète Raison / Pensée et Emotionnel II Retour au texte 2) Il ne s’agit pas bien sûr de confondre la pensée avec son objet, la réalité. Mais la pensée pouvant se définir d’une manière très générale comme la représentation mentale de la réalité, elle ne peut être indépendante de cette réalité. Retour au texte 3) Pris à son sens d’usage de Qualité de ce qui donne une représentation fidèle de la chose observée. (TLFI) Retour au texte |