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Philosophie de la raison
21/03/10

A propos de l'émission "Jusqu'où va la télé? Le jeu de la mort" diffusé sur France 2 le 17 mars

Documentaire (1) suivis d’un débat posant Le problème de la soumission à l’autorité et le pouvoir de la télévision....

La problématique évoquée ; à mon sens....
L’individu se plie (ou est censé se plier) à ce qui est admis par la société. C’est donc l’autorité du groupe, du plus grand nombre ou de ce qui le représente, qui s’exerce. C’est le comportement social, reposant aujourd'hui sur la notion de « consensus », et la légitimation par le groupe.
Ici, sorte de fait d’usage, l’audiovisuel faisant partie intégrante de la vie quotidienne du plus grand nombre, ce qui est admis par cette institution est perçu comme légitime.
Mais il y a dans le problème posé ici, un fait plus spécifique : l’engagement individuel par un contrat dont l’importance était souligné par le sociologue Jean-Louis Missika (2), et pouvant mettre les personnes dans des situations de conflit intérieur entre leur conscience, leurs convictions, et ce qui leur est demandé ; l’obligation d’obéir dans une certaine mesure étant le fait de leur engagement (3).

L’incident...
Lors de l’enregistrement de l’émission, l’animateur Christophe HONDELATTE révélait l’homosexualité du participant ayant envoyé la décharge maximum de 460v à son « partenaire ».
Il s’en était suivi cette intervention d’Alexandre LACROIX (rédacteur en chef de Philosophie Magazine) pour qui le mécanisme de soumission et de domination à l’autorité, objet de l’émission, était reproduit ici, accusant le pouvoir (sous-entendu abusif) de l’animateur
. Celui-ci avait alors piqué une colère. Puis, après interruption et reprise de l’enregistrement, le débat était reparti mais, selon Libération.fr, « Les échanges ont été confus, chaotiques et le débat saboté » (4).

Concernant cette indignation d’A. Lacroix sur le fait de révéler cet élément de vie privée (5), selon le site jeanmarcmorandini.com, le candidat avait d’abord souhaité révéler son homosexualité puis s’était rétracté sans en parler (6). Il s’agirait donc d’un quiproquo. Mais aussi d’un Flop!

Hormis l’erreur... Ne peut-on pas supposer que l’animateur de « Faites entrer l’accusé » puisse avoir ici ce même soucis d’accumulation d’informations dans l’optique de chercher à comprendre toujours mieux les êtres et les situations ? Montré du doigt lui-même comme autorité abusive et coercitive, n’était-il pas simplement motivé par le désir de « dire » les choses ? Et l’exaspération devant cette réaction aurait déclenché la colère.
Si la réaction (d’A. Lacroix) peut être le fait immédiat du contexte, de l’erreur, elle me parait tout de même s’inscrire dans un courant idéologique amenant l’inverse de ce qu’il parait être et qu’il dénonce: une nouvelle forme de coercition sournoise (7). Dans cette « mouvance » on dénonce d’un côté la «pensée unique », et on s’attache de l’autre par des techniques de harcèlement, de terrorisme verbal et/ou de confusion, à empêcher voire suggérer l’interdiction des questionnements qui ne sont pas cohérents à ce nouveau « bon » sens. Conception pour le moins curieuse de la liberté de pensée!



1) Le documentaire pose la question de la soumission à l’autorité en transposant l’expérience scientifique menée par l’américain Stanley Milgram en 1963 à la télévision. Christophe Nick, le réalisateur, a recruté 80 volontaires pour participer au pilote d’un jeu où le candidat inflige une décharge électrique (jusqu’à 460 volts) à son partenaire à chaque mauvaise réponse. Sauf qu’en réalité celui qui reçoit la secousse est un acteur et simule la souffrance.
20minutes.fr
http://www.20minutes.fr/article/391594/A-la-Une-Jeu-de-la-mort-Christophe-Hondelatte-s-en-prend-a-Alexandre-Lacroix.php Retour

2) http://tele.premiere.fr/News-Photos/VIDEOS-Le-Jeu-de-la-mort-jusqu-ou-va-la-tele-l-experience-passee-au-crible-par-des-experts/(gid)/2263996 Retour

3) Combien de fois m’est-il arrivé d’être obligé, contraint par la situation (donc le contexte humain, le groupe) d’agir d'une manière qui ne me convenait pas. De ce que je peux me souvenir, j’ai eu les deux réactions possibles: le refus et l’acceptation à contrecœur... Le refus s’est toujours suivis du désagrément du conflit avec l’entourage (ou le commanditaire) ou sa désapprobation, la réalisation « à contrecœur », d’une colère contre moi-même et contre les autres ayant réussi à m’imposer... Retour

4) http://www.liberation.fr/medias/0101625001-apres-un-debat-houleux-avec-hondelatte Retour

5) « Quel est le but de la manœuvre ? Suggérer que l’homosexualité prédispose à électrocuter son prochain ? Atmosphère de chasse aux sorcières » Libération.fr
http://www.liberation.fr/medias/0101625001-apres-un-debat-houleux-avec-hondelatte Retour

6) Selon Jean-Marc Morandini , le candidat avait d’abord souhaité que son homosexualité soit évoquée. Puis il s’était rétracté sans en parler à l’équipe en charge de la préparation de l’émission. http://www.jeanmarcmorandini.com/article-37209-jeu-de-la-mort-la-verite-sur-le-clash-avec-hondelatte.html Retour

7) Et hormis le quiproquo, cela m’évoque un problème d’ordre général : le droit au respect de la vie privée ne peut-il pas parfois être en contradiction avec ce qu’on estime en conscience être un devoir d’information ? Ne fait-on pas d’ailleurs obligation à nos plus grands personnages publics de nous informer sur certaines choses d’eux-mêmes ? Des informations sur des événements privés et captés à l’insu des intéressés ne circulent-elles pas couramment sur le Net (et apparemment en toute impunité)? De plus, et à l’inverse, certains personnages publics ne font-ils pas parfois preuve d’un exhibitionnisme malsain ? Retour