pensée philosophique raison - réflexions
Philosophie de la raison
O7/12/08

De la subtilité (de la langue) à la confusion

Textes connexes:
De la subtilité (de la langue) à la confusion
« Avoir raison » et « paraître avoir raison »
Malhonnêteté intellectuelle moqueries cancanages et terrorisme verbale

> De la subtilité à la confusion
>« Argutie » et « argumentation »
>« Validité » et « véracité »
La subtilité du langage est à priori cohérente avec une conscience évoluée elle même cohérente avec la capacité de discernement indispensable pour une perception fine et une pensée profonde complète et pertinente. Autrement dit, plus la conscience est évoluée, plus elle est objective complète fine et nuancée ; et l’expression de pensées ou de descriptions elles-mêmes élaborées, nécessite donc une grande quantité de mots/concepts dont les sens respectifs sont d’autant plus proches.
Mais toute chose possède un revers.
Tout d’abord; la connaissance du sens exact de chaque mot, et une certaine compréhension des choses exprimées sont nécessaires pour l’expression elle-même, son exactitude et son intelligibilité. Et l’inverse allié à la trop grande subtilité de la langue aboutit à la confusion.
Également , le fait de cette proximité de sens entre les mots allié à la malhonnêteté intellectuelle provoque des « fausses argumentations », des raisonnements en «trompe-l’œil » jouant sur la confusion entre des concepts. Le savoir-faire en matière de manipulation du langage dans l’intention de tromper l’ « adversaire » est un art pervers remplaçant celui de la communication et de l’échange avec l’intention d’une toujours meilleure compréhension des chose. Et cela aussi participe à cette gigantesque confusion dans le langage les pensées et les consciences.

Cette réflexion m’a été déclenchée par une phrase trouvée au hasard de la lecture d’un ouvrage d’une personne proche, ouvrage en collaboration et relatif au(x) probléme(s) de l’enseignement et des débats qu’il(s) soulève(nt): […] Ce dont nous avons besoin ce n’est ni d’anathèmes ou d’encensoirs ni de rumeurs ou de on-dit, ni de combats de coqs ou d’arguties. […] (1)

- « argutie » et « argumentation ».
« Argutie » dans le TLFI: « […] Argumentation spécieuse pour abuser d'autrui […] Subtilité de pure forme, marquant le vide de la pensée […] ». Donc finalement; fausses argumentations (car n‘ayant de l’ « argumentation » que l‘apparence), faux raisonnements, comportement d’esprit perfide visant à tromper.
- le revers (sans allusion à l'ouvrage précité): le mot « argutie » peut très bien lui même être employé perfidement pour qualifier une argumentation ou un raisonnement (vrai) afin, et pour des raisons stratégiques, de simplement le discréditer dans la mesure où il menace un système d’idées et de pensée préétablit (thèses politiques ou philosophiques) (2).
- la conséquence perverse de cela (présenter des démarches mentales réfléchies et honnêtes sous un aspect fallacieux), est de contribuer un peu plus à cette gigantesque confusion mentale, en amenant par exemple ici à penser que le fait même d’argumenter et de raisonner est pervers en soi. Et cela n’est pas qu'une « vue de l’esprit »! Je parlais un jour avec une de mes amies qui me maintenait qu’un théoricien révisionniste avait justifié des théories niant l’existence des camps de concentrations pendant la seconde guerre mondiale par de savantes argumentations. Et pour elle, le fait d’argumenter des idées était DONC dangereux !!!! Également au cours des débats, chacun peut se retrouver à ne plus savoir distinguer les vrais raisonnements/argumentations des « faux » (des « imitations » )...



1) « ECOLE, UNIVERSITÉ : POUR QUE LA RÉPUBLIQUE TIENNE SES PROMESSES » de Jean-Claude Guérin, avec Arnold Bac, Annette Bon, André Charbon et Éric Favey, aux éditions L’Harmattan --2007--
( www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=23843).

2) Là, sans allusion à l’ouvrage précité. Juger du bon emploi des mots « argutie » ou « argumentation » à propos d’un discours donné, passe obligatoirement par une réflexion sur celui-ci afin d'évaluer son degré de véracité (a). Au plan général, malheureusement et actuellement, bien des argumentations ne sont en fait que (précisément) des « arguties »; c’est (trop) souvent le cas au cours de ces débats « politicards » comme par exemple certains de ceux (entre autres) montés en spectacles par nos médias audiovisuelles…


  a) … Et non de « validité »…Par ce même phénomène de confusion, ce mot est trop souvent employé à la place de
« véracité » (ou d’ « exactitude »). Le mot « validité » au sens concerné ici (*) repose sur des critères flous, mal définis. Cela sous entend l’approbation humaine qui peut être fondée tout autant sur des faits et des raisonnement que sur des impressions ou des désirs, c’est à dire des démarches mentales subjectives. Alors que celui de « véracité » (**) repose clairement sur le critère de concordance de l’idée ou du discours avec les faits, d’une manière générale avec la réalité.


    *) « Caractère de ce qui est valable, recevable, qui justifie d'une certaine valeur. » (TLFI)

**) Sens concerné ici: « Caractère de ce qui est conforme à la vérité, à la réalité. » et « qualité de ce qui exprime la vérité »
Egalement et en premier lieu dans la définition: « Qualité morale de celui/celle qui ne trompe pas ou qui n'en a pas l'intention; en partic., qualité de celui/celle qui se garde de l'erreur et s'emploie à l'éviter dans ses paroles ou dans ses écrits. », qui traduit l’idée d’honnêteté intellectuelle) (extraits du TLFI)




TLFI : Trésor de la Langue Française Informatisé (http://atilf.atilf.fr/tlf.htm)
Texte connexe:
La « Vérité »