Confusion à propos de l'intelligence

Un article paru sur le site de yahoo (vu le 21/07/07) intitulé « Rico, quatre pattes et un QI » mentionne le cas d'un chien qui pourrait selon certains « être intelligent ».
Chapeau de l’article : « Un chien utilisé dans le cadre d'une expérience scientifique a démontré qu'il pouvait comprendre un vocabulaire de près de 200 mots. Petite histoire d'un toutou malin. »

Si l’article relate un cas où le chien effectue une déduction (qui permet de supposer une réelle intelligence élémentaire), l’intelligence paraît être attribuée à l’animal par ses propriétaires du fait de son aptitude à

associer à 200 mots les objets correspondant. Or cela repose sur une confusion tenace et très répandue entre la simple association de mots à des choses, et la compréhension des concepts. De manière plus générale on confond trop souvent la capacité de comprendre avec celle d'admettre et de mémoriser. La capacité de compréhension (l’« intelligence ») permet de saisir des concepts plus complexes que la simple désignation d’objets. Et même dans le cas de la désignation d’objets, l’intelligence permet, par observations et déductions, de comprendre le rôle l’utilité ou la signification des objets. Démarche radicalement différente de la simple association d’une perception visuelle (vue d’un objet) à un mot (son ou phonème).

[...] au cours d’expériences des chercheurs ont appris le langage des sourds-muets à des chimpanzés afin de pouvoir communiquer avec eux. Dans son livre « Pré-Ambules » Yves Coppens nous dit : … Quant aux signes du langage des sourds-muets qu'on leur a appris, ils les maîtrisent au point d'inventer des associations ; ne sachant pas par exemple, comment appeler un signe, ils l'ont nommé « oiseau d'eau », un zèbre, « tigre blanc », un masque, «chapeau pour les yeux » ; … Cela va bien au-delà de la simple association « mot - signe » - «concept - objet ». Car cela signifie tout d'abord que les singes ont compris les concepts correspondant aux signes (les mots). Ils ont intégré la correspondance entre le signe « tigre » et l'animal du même nom ; mais en plus, ils ont saisi (« compris ») sa spécificité d'animal quadrupède terrestre. Pour le chapeau, ils ont saisi sa fonction de « couvrir ». Ils ont donc été ensuite capables d'inventer des mots, là où leur langage rudimentaire faisait défaut : Pour désigner un zèbre, dans lequel ils ont reconnu l'état d'animal quadrupède terrestre, ils l'ont appelé « tigre blanc ». De même, ayant perçu le masque comme quelque chose servant à couvrir les yeux, ils l'ont appelé « chapeau pour les yeux ». Il y a donc eu ici, un véritable travail de rapprochement d'idées, de compréhension, un travail de conception. On peut également dire qu'il y a eu raisonnement élémentaire et par conséquent une activité intelligente.[...] La Planète Raison/Rapport entre la conscience et le langage/Une idée répandue et erronée

Si le rapport entre la possession d’un vocabulaire et l’intelligence est à juste titre admis, c’est que l’intelligence étant en rapport avec la conscience, plus la conscience (du réel) est importante, plus le langage doit être diversifié pour permettre d’en exprimer des éléments (des idées). Mais dans la réalité (toujours plus complexe que ce que l’on peut en dire), des êtres peuvent posséder un vocabulaire important sans pour autant posséder une intelligence particulièrement développée; car ils peuvent simplement avoir appris et mémorisé sans forcément avoir été poussé par la nécessité d’exprimer des idées élaborées. Par ailleurs certains êtres potentiellement très intelligents peuvent ne pas posséder un langage à la hauteur de ce qu’ils seraient susceptibles d’exprimer en raison de problèmes d’apprentissage pouvant être le fait d’une inadéquation entre leur démarche mentale et celle des pédagogues. D’ailleurs un enseignement n’accordant pas la priorité aux explications des différents état de choses peut être un obstacle pour des êtres potentiellement très intelligents… («  Intelligence » - «  inventer  » -Détournements des mots-)