Dans son éditorial du magazine ELLE (2 août 2008) Dorothée Werner dénonce l’utilisation commerciale exagérée du courant écologique actuel. Elle mentionne la conséquence,
le développement d’une tendance contestant le bien-fondé des prévisions alarmistes actuelles, et termine sur cette question « quelle pensée critique tenir face à
l’avalanche de catastrophes annoncées et aux experts qui nous disent qu‘il est trop tard pour réagir? ». Si la question complètement légitime aujourd’hui signifie
« comment reconnaître ce qui est vrai et ce qui est faux dans tout ce qu‘on nous raconte sur ce sujet », elle laisse dans sa formulation transparaître la véritable
problématique de fond…
A un plus haut degré de généralité la question pourrait être, « quelle pensée critique avoir face à TOUT ce que l'on peut entendre ou lire ». Et la problématique est selon moi, « comment réhabiliter LA PENSEE » (qui inclut naturellement l’ « esprit critique »), ou encore peut-être, « comment induire une capacité de pensée » en chacun(e ), face à la crédulité ou à l’incrédulité concernant ce qui est entendu, lu, et/ou vu! Pour m’être posé depuis de nombreuses années une question très voisine, pourquoi l’irrationnel et comment y remédier, je suis arrivé à cette position, en gros et en quelques mots:
Si cette voie (le « chercher à comprendre ») dont le départ remonte à l’aube de l’humanité avait été véritablement et majoritairement suivie, le monde actuel en serait bien différent. Et notamment aujourd’hui les sociétés de nos pays riches reposant sur cette fameuse économie de marché, nous ont amené à bifurquer radicalement. Tout d’abord, la logique de notre système économique qui nous à amener à polluer l’air et les sols, à également amené une « pollution culturelle », une gigantesque confusion dans le langage et les consciences. La démesure de la complexité du monde humain, de son organisation, de sa production, de son savoir et de sa production verbale insensée est un obstacle à la compréhension des choses en générale. Également, la société de surconsommation et d’abondance a rendu caduque la recherche de la compréhension. Ce commentaire extrait d’un interview (*) du célèbre architecte Jean Nouvel résume bien ce problème: …Aujourd'hui la technique ne nous étonne plus. Ce qui nous émerveille est de pouvoir faire ce que l'on veut… Donc, cap sur la magie , qui, provisoirement mise à mal par l’engouement pour les sciences au début de l’ère industrielle, fut selon moi le handicap majeur de la Raison. *)Diffusé pendant l’exposition consacrée à Jean NOUVEL au centre Pompidou du 6/12/2001 au 4/3/2002 |