Une série d’articles étaient parus dans Le Nouvel Observateur du 6 août 2009 et le titre en indiquait le thème: « Le grand retour de Karl Marx - Pour
comprendre le capitalisme d’aujourd’hui » Mais quoi qu'intéressant au plan historique et concernant le philosophe, les éléments permettant de « comprendre »
le capitalisme m’avaient paru excessivement réduits. Et c’est pourtant de comprendre dont nous avons besoin; comprendre approximativement l’essentiel du mécanisme « à la base ».
Dans l’un des articles J-B Fredet nous explique tout de même; il dit entre autres de Karl Marx qu'il cherche à en déterminer la loi constitutive : la recherche incessante de l’accumulation du capital. (1). Car c'est bien là le cœur du problème...
A la manière de ce roman (3) où Bernard Weber imaginait des extraterrestres observant l'humanité de très loin, nous pourrions voir les populations des pays « riches » travailler et produire, mais ne pas arriver, ou peiner à consommer cette production. On pourrait voir une insuffisance des emplois disponibles; ce qui laisserait logiquement supposer (« vu de loin ») qu’il y a suffisamment de richesse pour tout le monde ! Pourtant on pourrait voir aussi la majorité des ménages en situation de difficulté économique permanente, la précarité, voire la pauvreté d’une partie de ces populations... Et l'origine de cette aberration est précisément l’ACCUMULATION SANS FIN DE L'ARGENT AU DETRIMENT DE L'ECOULEMENT DE LA PRODUCTION. Car c’est cela qui fait qu'à tout moment et globalement l'argent utilisable provenant de la vente des biens et des services est insuffisant pour consommer cette production même! Contradiction qui pour écouler cette production, induit la nécessité du crédit… Et c’est une part de cet argent immobilisé inutilement qui est prêté à tout ce qui est susceptible de consommer; les ménages les administrations, collectivités, entreprises, et les états. Et comme on peut supposer que c’est essentiellement les grands capitaux et les grandes fortunes personnelles augmentés de l’ensemble des épargnes qui prête à tout le monde, pouvoir continuer de prêter peut être un motif supplémentaire stimulant l'accumulation; l’incertitude de l’avenir et la peur de la pénurie aussi... Quant aux grandes entreprises et aux groupes industriels qui eux aussi consomment (pour leurs fonctionnement), ils devraient en principe et naturellement pouvoir puiser dans leur propre capitaux. Mais dans ce système globalement et profondément illogique ayant amené une complexification (elle aussi sans fin) des situations et des phénomènes d’argent, il peut être plus avantageux de « placer » les capitaux (donc prêter indirectement!) et d’emprunter par ailleurs... Quant aux crises récurrentes et de plus en plus rapprochées elles apparaissent comme des périodes où la contradiction production (donc richesse globale réelle) vs pouvoir d'achat insuffisant se retrouve exacerbée. La relation de cause à effet avec le capitalisme serait probablement cette course effrénée au profit individuel sans soucis des conséquences sur l'ensemble qui, par un effet d'emballement en périodes d'expansion, amènerait des événements néfastes voire catastrophiques, provocant ensuite le repli des investissements et l'augmentation du chômage, puis la diminution du pouvoir d'achat du plus grand nombre et (donc) de la consommation, puis celle de la production. Après une spirale d'expansion succéderait le cercle vicieux de la récession. Haut Au plan international, les pays pauvres constituent une réserve de ressources à bon marché. Et l’exploitation des matières premières et main d’œuvre permet aux pays riches de produire « moins cher » et de vendre mieux chez eux. Mais comme c’est au détriment de leur propre main d’œuvre et donc de la consommation, l’effet est en même temps et en partie inverse. Nouvelle contradiction... De plus, les pays anciennement dits du « tiers monde » deviennent aujourd’hui des pays émergents... Haut Conséquences...
Certes ! Nombre d’aspects du « vieux monde » répugnent aujourd’hui. Mais en nous laissant guider sans nous en rendre compte par la logique du Système, n’avons-nous pas cassé l’essentiel de ce qui faisait le genre humain?! Au lieu de changer, d’améliorer, ou de résoudre des problèmes, nous avons détruit sans nuance, « jeté le bébé avec l’eau du bain ». La volonté de chaque nouvelle génération de s’affranchir des parents en adoptant les nouveaux systèmes de valeurs (ce qui semble naturel !) alliée au changement exponentiel du monde (conséquence quasi directe du Système Capitaliste), provoque des conflits de générations de plus en plus radicaux voire violents. Le conformisme systématique des nouvelles générations à tout ce qui est nouveau et en opposition avec le « vieux monde » provoque incidemment un affaissement de la capacité de jugement et de l’esprit critique (5). Et le système commerciale et publicitaire, au lieu d’éduquer, en « courant derrière » le consommateur avec l’unique but de vendre, s’appuis parfois sur (et donc encourage!) les tendances entre autres à la confusion et à l'illogisme (6)... Dans les pays occidentaux, la vie rurale et tranquille organisée autour du village et de la grande famille a fait place à une vie stressante dans nos grandes villes, « mégapoles tentaculaires » appelées à s’étendre sans fin. Et au milieu de ce « tissu urbain » où l’essentiel de la vie est une course effrénée entre activité et consommation, la mise à mal de la famille dite « traditionnelle » amenant celle du couple (pourquoi: 7), et par suite la tendance à l'indifférenciation des identités sexuelles (tendance inversée aujourd'hui (8) mais qui renforçait en retour l’appauvrissement des rapports affectifs entre les hommes et les femmes) ainsi que toutes les frustrations qui en découlent, contribuent au développement de la solitude, des perversions des toxicomanies, ou accentue la suractivité et la surconsommation (par compensation?)... Egalement (toujours dans les villes), la coupure avec la réalité (dite « réalité matérielle ») ainsi que la magie de la technologie, a provoqué l’apparition d’un nouvel irrationnel : l’incapacité de compréhension de certaines choses des plus élémentaires (9), la généralisation d’un intellectualisme « évoluant » dans l’abstraction, la tendance à la spontanéité de discours d’autant plus émotionnels et d'autant moins réfléchis. Tout cela aboutit à un gigantesque capharnaüm cérébral collectif, un illogisme et un bon sens inversé quasi généralisés, ainsi qu’une pollution verbale contre laquelle les anciens proverbes se voulaient peut-être être les garants : « Ne dépense pas deux mots, si un seul te suffit » « Il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler » « Trop de mots tue la vérité»... Et cette pollution est directement renforcée par la logique marchande de toujours vendre plus encore et encore (ici, du papier imprimé incidemment au détriment de nos grandes forêts; ou encore de l’ « écoute »), noie obligatoirement tout discours longuement réfléchi, concis lucide et sensé. Quant aux grands groupes humains qui vivaient au moyen de systèmes culturels adaptés à leurs caractères ainsi qu’à leur degré d’évolution, nous leur avons fait miroiter nos gadgets, et notre « occidental way of life ». Nous avons détruit leurs équilibres (10). En France nous avons entassé les populations algériennes dans les cités lorsque nous avons eu besoin d’elles (économiquement), et aujourd’hui les familles mises à mal, les parents décrédibilisés par la misère économique, et leurs enfants déstructurés désœuvrés et privés de ressources ont sombrés et continuent de sombrer dans la délinquance. Enfin et à mon sens, c’est le spectacle de cette dégénérescence humaine généralisée dans les pays occidentaux (pour l’instant), qui renforce les intégrismes religieux apparaissant pour certains comme des bouées de sauvetages à la surface de ce marécage de confusions. Haut
GG Haut de page ______________________________________________ ______________________________________________ 1) « Bricoleur ou prophète » de Jean-Gabriel Fredet - Retour |