Philosophie de la raison
20 février 2011

La « femme » virile

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Ce sont ces modèles culturels, la féminité et la virilité –ou masculinité-, qui nous permettent d’être des Femmes et des Hommes au lieu de simples mâles et femelles de notre espèce...


J’ai toujours eu un problème avec la définition de la féminité. Je trouve que c’est une notion absurde [...] la féminité n’est pas une valeur absolue: le corps féminin peut avoir toutes les formes possibles. Ainsi s’exprimait Judith Depaule (1) citée dans l’article « Sports virils au féminin » du Monde Magazine (2).

Absurde la féminité !? Ou n'était-ce pas plutôt le propos lui-même ? Certes on « peut » faire qu’on veut... Nous pouvons toujours changer nos valeurs, nos lois, et même changer notre nature, nous changer nous-mêmes. On peut imaginer que nous décidions un jour, de vivre nus, de ne plus manger que directement avec les doigts, et aussi de déféquer n’importe où, y compris là l’on mange (etc.).
Le problème n’est pas de savoir ce qu’il est « possible » de faire, mais de faire ce qui est viable (Le Possible vs le Viable)... Il est toujours possible de se jeter par la fenêtre ou de donner des coups de tête dans un mur... Quant au « corps féminin », le milieu de la mode s’est déjà chargé de le désexualiser, le dévitaliser en le réduisant à l’état d’objet affublé de cette maigreur morbide...

Au sujet de la féminité, comme de la virilité –ou masculinité-, sachons d’abord que ce sont des modèles culturels qui nous permettent d’être des Femmes et des Hommes au lieu de simples mâles et femelles de notre espèce. Et ce qui distingue d’une part les Hommes et les Femmes, et d’autre part les mâles et les femelles, est que les premiers sont excessivement différenciés, dans leurs aspects physiques, leurs comportements et leurs manières de se vêtir. Et nos différences exacerbées reposent apparemment sur des différences naturelles dues à nos rôles biologiques respectifs et originels. Ainsi et par exemple la douceur maternelle des femelles envers leurs petits, est peut-être à l’origine de la sensualité féminine.

De cette manière, la sexualité animale qui semble se réduire à la génitalité et/ou à la reproduction, devient la considération et l’attrait de l’« autre » dans sa totalité.
Concernant les femmes... Ce n’est plus la pulsion d’être fécondée par le mâle gagnant, survivant ou dominant, comme chez certaines espèces de mammifères, mais des caractères psychologiques forts de l'être masculin (3) qui les attirent, les séduisent. Puis elles s’attachent à l’ensemble de l'être.
Concernant les hommes... Ce n’est plus seulement le sexe féminin, sa vue son odeur et son toucher, qui les attirent, mais l’ensemble de l’être et de ses caractères.

Fait culturel, l’attraction de départ se reporte EN PARTIE sur l’« autre » dans sa globalité; sa psychologie, ses comportements, ses manières, comme son aspect visuel, sa voix, son parfum... Et pour les hommes plus spécifiquement, ce « report » partiel s’effectue sur certaines parties du corps et les vêtements (dans la mesure où ils sont exclusifs à l’autre sexe). Et cela repose sur ce mécanisme de déplacement (ou d’association) des émotions et des affects vers les « choses » de l’« autre ».
Autrement dit, globalement, ce processus intensifie l’attirance (directement ou indirectement) sexuelle-génitale, puis la sublime en attrait amoureux.
L’émoi produit par le parfum de l’être aimé, l’écharpe ou le foulard qu’il ou elle portait, voire l’évocation de son prénom, relèvent de ce même phénomène. Les mots d’amour également...

Mais lorsque (chez les hommes) ce phénomène de transfère ou d’association devient excessif, et que l’attirance des « choses » connexes de l’ « autre » devient exclusive au point d’occulter l’« autre » lui-même, il est alors considéré comme une pathologie portant le nom de « fétichisme » ...
Car c’est l’excès des choses qui est considéré comme pathologique. Mais dans la confusion actuelle, la pathologie de l’excès est confondue avec les choses mêmes qui font de nous des êtres humains et non de simples animaux (4)...


GG


1) Metteur en scène de « Corps de femme » (entre autres) Retour

2) Article de Jean-Louis Aragon dans « Le Monde Magazine » n° 73 du 5 février 2011 Retour

3) Le pouvoir psychologique que l’on nomme le « charisme » étant à mon sens un élément fort et essentiel. N’en déplaise à nos féministes, nombre de femmes sont séduites par les hommes psychologiquement forts et... « Gagnants » Retour

4) A cette confusion et sur ce même sujet s’en ajoute une autre... Car en psychanalyse, le fétichisme est en fait une paraphilie (anciennement une « perversion ») touchant les hommes, et consistant en quelque chose de semblable; une fixation sur certaines choses précises, mais ayant une origine très spécifique... V Fétichisme et « fétichisme » Retour

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